à la découverte de l'imaginaire japonais
Konnichiwa !
Cela fait quelques mois que je découvre avidement et avec ravissement l'univers de l'imaginaire japonais. Alors bien sûr je connaissais les samouraïs, les jeux de rôles sur consoles et j'avais eu l'occasion de feuilleter un manga. Mais je n'avais jamais eu la curiosité d'aller plus loin : cette fois c'est fait et je ne le regrette pas ^^
C'est une culture passionnante et qui exploite énormément la SFFF !
Les différents supports :
Manga : il s'agit de la bande dessinée japonaise. Elle est principalement connue pour sa mise en scène dynamique, les expressions faciales exagérées de ses personnages et leurs yeux disproportionnés (mais tout les mangas ne sont pas comme cela). J'oubliais : les cheveux en épis, important ça ^^
Ci dessous, l'un des manga le plus vendu dans le monde, Dragon ball. Son anime passait dans "le club dorothée" et a lancé la mode en France. A côté One Piece, l'actuel best-seller :
Le sens de lecture étant inversé par rapport aux pays occidentaux, un manga se lit de droite à gauche et de la dernière page au début (mais parfois c'est publié chez nous dans notre sens de lecture ><). Pour s'y retrouver un guide pratique
Anime : c'est un dessin animé japonais qui est souvent une adaptation télévisuelle d'un manga. Tout comme le manga vous verrez qu'il y a plusieurs genres (j'y reviendrais plus tard), le plus connu étant le Shônen où, pour caricaturer, le héros est un jeune garçon qui va passer son temps à combattre les vilains dans des combats spectaculaires (ici, Naruto et ses amis. Oui le orange à la côte ^^ ).
OAV : Original Animation Video. C'est une œuvre d'animation produite pour être commercialisée directement en vidéo. L'équivalent de nos "direct to dvd", parfois en complément d'un anime ou formant des OAV à suite comme un anime. Le format peut beaucoup varier.
Film d'animation : que la production soit occidentale ou japonaise, il s'agit de mettre en mouvement une succession d'images 'dessinées' (que ce soit à la main ou à l'ordinateur) dans un format film (1h30 en moyenne).
L'un des plus fameux réalisateur japonais est Hayao Miyazaki (Nausicaä de la vallée du vent, Le Château dans le ciel, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro...). Ses univers sont oniriques, empreints d'humanisme et de respect pour la nature.
Drama, dit aussi Dorama ou "live" : c'est une série ou un film avec de vrai acteurs dedans.
Romans : heu des feuilles de papier avec des mots dessus ? lol Les japonnais ont une littérature créative et méconnue, j'ai déjà lu deux oeuvres jeunesses (là et là) et j'espère vous en faire découvrir d'autres.Il y a aussi les "Light novel", sortes de romans courts, parfois adaptés en anime.
Jeux videos : Les japonais ont le goût de la technologie, quoi de plus logique qu'ils soient de grands producteurs de jeux vidéos, principalement dans le jeu de rôle.
La saga la plus célèbre est Final Fantasy, édité par Square Enix, qui en est à son treizième épisode (sans compter les suites et autres jeux gravitant autour). Ce n'est pas pour rien si elle a donné deux longs métrages (advent children et les créatures de l'esprit) et est LA référence absolue : outre un gameplay et des univers riches, les studios sont à la pointe des images de synthèses, nous donnant des cinématiques toujours plus bluffantes... les images du XIII c'est juste un truc de malade ! on oublie que c'est virtuel. (Ci-dessus Yuna de FFX).
Mais il y a bien d'autres jeux, par exemple ôkami, un rpg poétique en cell-shading telle une estampe japonaise, absolument superbe, une pépite sur tout les fronts, qui a été porté sur les consoles dernière génération (ps3 et wii) alors n'hésitez pas !
A noter pour finir le cas particulier des visual novel, sorte de "livre dont on est le héros" interactif, notamment eroge.
Une tentative de présentation globale :
Il y a pour moi quelques traits qui se démarquent dans tout ça, des éléments qui caractérisent cette culture. Bien sûr chaque oeuvre possède un ou plusieurs de ses éléments, mais pas tous (certains sont même opposés).
Je préviens tout de suite qu'il s'agit de mon interprétation totalement subjective, je pourrais même qualifier d'intuitions !
Donc ces traits seraient :
- Une certaine poésie, une approche sensible, notamment vis à vis de la nature. De la mélancolie.
- Mais aussi un regard pessimiste sur l'Homme auto-destructeur : les avenirs sont sombres, post-apocalyptiques et citadins
- Un goût prononcé pour le fantastique (fantômes, créatures démoniaques...)
- Un attrait pour la cybernétique et les mécanismes (plus c'est énorme mieux c'est. Entre autre, bien sûr, les fameux Mecha, machines-robots pilotés par des humains) (a noter que les japonais sont d'ailleurs IRL à la pointe du développement robotique).
- L'exagération, non seulement dans le dessin, mais aussi dans l'histoire. Les pouvoirs des héros semblent sans limites, et tant pis si ils détruisent la moitié de la ville à chaque combat ! Le fil rouge va d'ailleurs si loin qu'il n'est pas rare d'aller jusqu'à un aspect divin (les héros se prennent pour des dieux, en sont, agissent comme tel, ou ont le concours des divinités).
- Un aspect mythologique très prononcé.
- le thème du ying et du yang : le héros a son nemesis qui est souvent une personne très proche (son ami, son frère etc) quand ce n'est pas lui-même dédoublé (ou une partie de lui, les explications abondent).
- Une certaine philosophie de la vie : les héros affrontent les traumas de leur passé pour les surmonter et/ou vivent pleinement l'instant présent. En tout cas, il y a au moins la présence de ces traumas et un regard sur eux.
- L'individu est dominé par la société. Il y a une humilité, souvent proche de l'obéissance aveugle, une soumission aux traditions et à l'autorité (des parents/des enseignants/etc) qui est bien loin de notre esprit occidental indépendant. (les jeunes héros peuvent se mettre en colère contre cela mais vont rarement désobéir).
Cela va jusqu'à une acceptation limite masochiste de la punition quelle quelle soit, par exemple accepter sans broncher d'être condamné à mort (et de manière barbare) pour avoir commis une erreur qui nuit à la société : La charmeuse de bête, Ueashi Nahoko - ou pareil avec Rukia dans Bleach (ci contre).
- Une capacité de... comment dire... de délirer, de créer des histoires complexes et vraiment barrées, souvent basées sur des mythologies très travaillées, et ou la conclusion remet tout en cause (je n'ai toujours pas compris l'histoire de Final Fantasy X par exemple oO).
- Des fantasmes réalisés ? Oui les femmes ont en général des sacrés nénés et il y a une large gamme de genres oscillants entre le romantisme et le porno, mais c'est tout à fait l'image de cet espace de liberté qui nous étonne quelque part, en contraste avec leur société beaucoup plus stricte que chez nous (en anthropologie le prof nous avait expliqué le pourquoi du carnaval, et c'est la même chose : donner une soupape où l'on fait ce que l'on veut, pour pouvoir à côté contrôler sévèrement la société sinon elle explose ! ).
Si je devais résumer, les japonais vivant dans une société très stricte, ils délirent d'autant plus dans leurs productions qui est un espace libre, ils aiment la dramatisation et l'exagération des sentiments et des actions. Mais en même temps cela garde le poids de leur quotidien : respect des traditions et de l'autorité, uniformes et travail, le surnaturel qui fait partis de la vie courante (n'oublions pas que le japon a une tradition mystique qui n'a pas été remplacé par un monothéisme unique).
Ils se permettent rarement de critiquer leur société, ou indirectement en transposant dans un autre espace/temps ou par des jeux de symboles (une super arme, dangereuse pour son utilisateur même du fait de sa puissance, dans des mains de personnages mauvais, pour la bombe atomique - Nausicaa... et bien d'autres. Les entités de l'espace / monstres détruisant les villes sont souvent l'images des catastrophes naturelles ou humaines, ou la "punition divine" pour avoir transgressés les lois de la nature - encore une image de la bombe. Evangelion, X-1999 etc.)
Ils explorent avant tout ce que la société attends de l'individu : l'individu est là pour sauver la société/le monde, il doit aller au bout de lui même et compter sur ses amis.
C'est le sens de l'honneur, du devoir, de la détermination, et la force de la collectivité contre le chaos.
Ce que j'aime chez eux, c'est les touches de maturité qui approfondissent ce qui ne parait qu'une vaste blague en surface : les héros sont des jeunes gens qui ont grandis trop vite, profondément marqués par la vie, et cela transparait à travers leurs sourires. Le rapport à la vie et au monde et en réalité le centre de ces histoires.
Il y a aussi des retournements de situations qui nous font cogiter sur ce qu'est réellement un "méchant" (tout simplement une personne en souffrance). Les héros ne manquent jamais de demander à leurs adversaires pourquoi ils les attaquent ! Le manichéisme est en fait là qu'en apparence : comme le yin et le yang chacun se complète et n'est au fond pas bien différent.
Les oeuvres les plus réfléchies creuseront la question de l'homme et des rapports au monde jusqu'à la moelle. Ils oseront explorer les faces sombres de l'être (Death Note), ou nous emmenerons dans des futurs post'apo nous incitant à réfléchir aux erreurs que l'homme en tant qu'espèce et individu devrait éviter pour assumer sa survie.
Et bien sûr avec tout les animes sur l'amour et l'amitié, ils explorent ces interractions fondamentales (et parfois servent un peu de "mode d'emploi" pour les ados qui se posent des questions).
Bref, si les productions japonaises sont des divertissements exubérants, issus paradoxalement d'une société conservatrice dont ils ne parviennent pas à s'affranchir totalement, ils sont aussi le fruit d'une philosophie de l'homme et de la vie, d'une façon de regarder le monde, et il suffit de percer la surface pour le voir.
En somme... c'est plus ou moins la même chose que je trouve dans la SFFF ! (sans parler que l'on retrouve magie, mondes parallèles, futurs d'anticipations, post' apo, bit-lit, anges, monstres et extraterrestres...)
Avec tout ça j'espère vous avoir donné envie d'ouvrir la porte de ce monde là (sans avoir été trop prise de tête "-_- Je ne pensais pas porter si loin mon analyse ! ).
Il y a tant de choses à découvrir alors lancez vous !
A suivre : je vous présenterais quelques genres, un peu de vocabulaire, et je pourrais enfin vous parler des animes que je regarde !
ps : dans cet article je fais référence à Dragon Ball et Naruto car ce sont des classiques, mais ça veut pas dire que j'aime hein ^^ j'ai jamais pu rester plus de 5 min devant le premier, et le deuxième j'ai vu un ou deux épis sans accrocher (mais j'ai trouvé qu'il y avait du potentiel).