Interview des auteurs gagnants du Prix Mille Saisons 2016 et 2017 : Philippe Aurèle Leroux et Arnaud Gabriel nous disent tout ! (troisième partie)
Dernière partie de l'interview ! (Première et deuxième partie)
M : Parlez-nous un peu de vos parcours. Cela fait longtemps que vous écrivez ? Qu'est ce qui vous a donné envie d'écrire ? Est-ce votre première publication ?
A : C'est ma première publication dans le cadre d'une Maison d'éditions. Sinon j'ai déjà publié mais toujours en auto-édition (un roman "Nuits Précaires"; une nouvelle illustrée "Schizoïd Party"; et un exercice poétique "Trad²"). Je fais partie des gens qui considèrent que nous n'avons plus vraiment besoin des intermédiaires comme les maisons de disques ou d'éditions et qu'il est toujours sain de fabriquer soi-même son réseau et de fonctionner à l'initiative. Ce qui m'a donné envie d'écrire ! Cela m'est venu à l'adolescence quand j'ai découvert le Romantisme. Crise d'ado aidant, j'ai découvert Nerval, Lautréamont, Goethe, Poe, Vigny etc... et cela m'a fasciné et porté.
P : J'ai commencé à me réintéresser sérieusement à l'écriture il y a 3 ans : j'avais abandonné cette ambition il y a plus de 20 ans, pour me consacrer à ma femme, ma carrière professionnelle et ensuite à mes enfants. Mes enfants sont devenus grands, j'ai pris du recul par rapport à ma carrière et j'ai eu plus de temps à consacrer à mes loisirs. Ma femme m'a alors fait le cadeau magnifique de m'inscrire à un stage d'écriture romanesque. J'ai toujours eu envie d'écrire, depuis tout petit, mais je n'ai jamais aimé ma production avant ce stage qui a complètement libéré ma plume. Après le stage, j'ai voulu entretenir cette envie d'écrire en participant à des appels à textes : le troisième auquel j'ai participé était celui du Grimoire ; la suite, vous la connaissez maintenant. Techniquement cependant, La Cour des Miracles n'est pas ma première publication : une autre nouvelle que j'ai soumise à un AT a été publiée auparavant. Il s'agit d'une nouvelle humoristique ayant pour titre "Le Bateau-Manne", publiée par l'association Libres Plumes au sein d’une anthologie « Un Canapé sur l’Oise ».
M : Comme d’hab vous parvenez à deviner les questions suivantes… Avez-vous déjà participé à d'autres concours de nouvelles justement (avant ou depuis votre Prix) ?
A : Avant, non, jamais. Je ne savais pas ce qu'était un appel à textes il y a encore deux ans. Depuis j'ai tenté "Tombé les voiles" mais ma nouvelle, si elle a passé les premières étapes du comité de lecture, n'est pas allée jusqu'au bout. Je n'ai rien tenté d'autre car je suis occupé avec des projets en auto-édition.
P : Je peux répondre non ? Non. Je veux dire que non, je ne peux pas répondre non, puisque tu sais maintenant que j'ai au moins participé à l'AT de Libres Plumes pour le compte du Prix de la Nouvelle Humoristique Francophone 2015. J'ai également participé à d'autres AT avec moins de bonheur, notamment celui du Prix Mille Saisons 2017. Très récemment j'ai écrit à quatre mains une très grosse nouvelle pour l'AT "Tous aux abris !" lancé par Realities Inc. Mon partenaire d'écriture est un ami, Sébastien Louis, pour cette première expérience d'écriture à deux que j'ai beaucoup appréciée.
M : Vous avez un moment préféré, ou une méthode pour écrire ? Comme on dit dans le métier : plutôt jardinier (à laisser le truc s'écrire au fur et à mesure) ou architecte (plan construit à l'avance) ?
A : J'ai beaucoup de mal à m'astreindre à une discipline "x" mots tous les jours. Je préfère consacrer toute une journée ou une nuit et ensuite ne plus écrire pendant quelques jours. Sinon je dirais que je suis plutôt architecte. Je fabrique un plan détaillé, fixant un nombre de chapitres et de pages. Ensuite, la créature devient vivante et fait sa vie, le cadre est transgressé !
P : Depuis quand un architecte ne peut-il pas être également un jardinier, au moins amateur ? J'ai besoin de structurer ma pensée avant de commencer à écrire. Pour autant, je ne suis pas un architecte pur et dur et je me laisse porter par ma plume également : la preuve étant que mon roman devait comporter 18 chapitres et qu'il en présente finalement 22. Les recherches dont j'ai systématiquement besoin m'aident également beaucoup à enrichir tout autant mon plan que mon écriture. Sinon j'écris essentiellement en soirée, faute de temps pour le faire à un autre moment.
M : C'est vrai, on est pas obligé d'être complètement l'un ou l'autre, mais par exemple je suis plutôt un jardinier, et vous seriez fous de voir que je pars sur mon nouveau roman avec simplement un récap du docu historique et un brouillon des intentions de mes personnages (et c'est plutôt du débroussaillage qu'autre chose). Je serais bien incapable de faire un plan partie par partie, et encore moins donner un nombre de chapitre ! (oups je tape l’incruste XD )
Bref, qu'est ce qui vous inspire ? Votre vécu, la vie de tous les jours ?
A : J'ai fait le séminaire de théologie protestante quand j'étais plus jeune et je suis devenu travailleur social. Ce qui m'inspire est souvent lié à ces deux parts de moi. Mon roman "Nuit Précaires" était directement inspiré de mon travail social... Et Zhang-Zhung, plutôt de mes études de théologie !
P : Surtout pas ! Si j'ai choisi les littératures de l'imaginaire, c'est justement pour quitter le quotidien ! Métro, boulot, dodo ne passeront pas par mes romans. J'en rajoute un peu, car j'ai tendance à m'inspirer de personnes que je côtoie tous les jours pour modéliser mes personnages. Mon inspiration vient souvent de Science & Vie ou d'autres sources moins scientifiques. Quelque chose capte mon intérêt et je laisse mon imagination se promener au gré de sa fantaisie. Je fais des recherches en fonction de mes pérégrinations imaginaires et je fais d'autres découvertes : au fur et mesure du temps je me bâtis un univers et une histoire émerge.
M : Avez-vous un gris-gris, une muse, un porte bonheur ?
A : Oui tout ça et plus encore, des tas de rituels, comme celui de casser un stylo quand j'ai fini un projet.
M : Il se casse tout seul où tu l'y force ?
A : Je le casse en disant "merci". Ma maison est un vrai temple rempli d'objets "sacrés"
P : Pas de gris-gris ni de porte-bonheur pour ce qui me concerne, mais des muses, oui, quelques unes. Dernièrement c'est une collègue qui m'amuse beaucoup au quotidien et que j'ai "casée" dans plusieurs de mes nouvelles récentes : la Dakota de Bison Blanc en est un parfait exemple
M : Avez-vous des conseils à donner pour ceux qui aimeraient se lancer dans l'écriture ?
P : Faites-vous relire ! De préférence par des gens que vous connaissez peu. Il est très difficile pour un auteur de s'auto-évaluer et tout aussi difficile pour un proche de dire à un auteur en herbe que ce qu'il écrit n'est pas très bon, ou simplement de formuler des critiques. Fréquentez les forums littéraires, les ateliers d'écriture, les salons et festivals et faites-vous des relations "professionnelles".
A : Faire des AT ! Ce sont d'excellents exercices. Fabriquer son réseau: bêta-lecteurs, correcteur, des auteurs etc... Lire de tout et beaucoup. Participer à des ateliers d'écriture. Ne pas s'enfermer dans une tour d'ivoire mais aller chercher ses lecteurs one by one. Utiliser les outils qu'offre notre monde. Savoir se vendre. Se lancer dans l'écriture pour apprendre à aimer les gens. Ecrire, ça peut être un formidable moyen d'apprendre la générosité !
M : Je me permets de rajouter que le premier conseil, c’est d’écrire ! Car écrire forge sa plume, mot après mot, et pour cela les AT sont un excellemment entrainement (texte court avec une contrainte de date de rendu) pour dépasser certaines retenues psychologiques (peur de la page blanche, de ne pas y arriver, perfectionnisme, etc.). Bref, lancez-vous et vous aviserez ensuite !
Arnaud, Philippe, avez-vous d'autres projets d'écriture ?
A : Oui, en auto-édition. Je suis en train d'écrire "Burn-out party", une nouvelle qui sera illustrée par Héloïse Goude. Et après tout ça un recueil d'historiettes d'épouvante. J'ai collecté des tas d'histoires de fantômes en parlant à mon entourage.
P : J'ai un projet de roman, ou de novella, en cours dans un cadre post-apocalyptique. Le nom du projet est "Paris XXIII". J'ai également bien d'autres projets, plus ou moins avancés, qui sont disponibles sur mon blog
M : Pensez vous que l'aspect communautaire de la collection Milles Saisons est un vrai atout pour la Maison ? Avec autant d'acteurs sur un même livre (20 auteurs, une quinzaine d'illustrateurs, une quinzaine de compositeurs...) ça créé des liens non ? Il faut savoir, amis lecteurs, que nous sommes beaucoup à échanger sur un groupe privé sur FB, et nous tâchons aussi de faire des salons ensemble. Je vois aussi avec ton nouveau projet Arnaud que tu t'associes avec l’illustratrice qui a gagné le prix l'année dernière, et sans parler des lecteurs qui reviennent année après année sur le Salon du Livre nous voir. Bref, est-ce un plus d'être une grande famille ?
A : Discuter avec des auteurs, illustrateurs et compositeurs, c'est un plus évident et c'est cela qui m'a convaincu de participer à cette anthologie à la base. Partager les projets des uns et des autres, suivre leurs aventures littéraires, c'est passionnant. Par contre, je plains la Maison d'édition ; deux infirmiers pour un asile de plus de 100 artistes, c'est compliqué !
P : C'est une vraie chance ! Outre les très bons moments que nous passons ensembles et les amitiés que cela permet de nouer, cette proximité permet également de faire des rencontres professionnelles qu'il nous serait très difficile de créer autrement. Bon, je dis ça et maintenant que je connais Johann Vigneron, je ne regarde plus ma cafetière de la même façon : je refuse que ma femme s'approche de cet instrument briseur de couples (plus d'infos dans "Tombés les Voiles").
M : Après l'illustration, les votes, la musique... Pour la nouvelle anthologie "Tombé les voiles", encore une nouveauté avec un livre parfumé. On ne peut pas dire que le Grimoire manque d'idée ! A votre avis, quelle sera la nouveauté de l'année prochaine ? Personnellement je parierais pour un rapport avec le jeu de rôle, étant donné que c'est l'autre principale activité du Grimoire. Et vous ?
P : Moi je vois bien un livre écrit sur pâte feuilletée : une fois finit, tu le mange avec un peu de crème pâtissière et quelques fraises
M : mdr quel sacrilège !
P : Sauf que la fève serait une clé USB et pouf !, tu te retrouves avec la version électronique
A : Des corbeaux chorégraphes, je mise là dessus. Ou alors après les livres à réalité augmentée, un livre à virtualité diminuée
M : Je suis pliée de rire au secours ! Hum, pour finir, avez-vous des sites où l'on peut suivre votre actualité ?
A : J'ai un site mais qui est surtout une plate-forme de ventes : http://nuitsprecaires.weebly.com/ sinon, je suis actif sur Facebook et on peut m'y retrouver !
P : Comme déjà dit, j’ai un blog http://www.philippe-aurele.fr/ et je suis également très présent sur Facebook.
M : Merci Arnaud et Phil d’avoir joué le jeu, c’était très sympa. Merci amis lecteurs d’avoir suivis cette interview, j’espère que cela vous a plu ! Et à une prochaine !