[en salle] SAO Ordinal Scale, le film pour les fans
Sword Art Online est une licence qui a le vent en poupe, et elle le mérite : l'anime nous a livré de pures moments intenses, d'émotions et d'actions, avec une part psychologique vraiment intéressante (ce pourquoi cela fait partie de mes animes préférés). Et puis c'est une série axé technologie et réalité virtuelle, ce qui est on ne peut plus d'actualité, et les images sont belles et fluides. Mais cette géniale histoire est gangréné par des moments où l'on frise le n'importe quoi scénaristique. Ce pourquoi le tout premier arc, l'Aincrad, est le plus célèbre et le mieux côté : une narration avec une tension parfaite, et puis il y avait une question de vie ou de mort, une réflexion sur la différence entre le réel et le virtuel... et cet enjeu se perd ensuite. Mais ce n'est pas une "excuse" suffisante pour avoir fait du deuxième arc, ALO, un cliché absolu de la demoizelle en détresse avec un vilain vraiment vilain. Puis nous avons une saison deux oscillant sans cesse entre le très bon et le très mauvais. La licence c'est aussi le light novel (roman court) original traduit en France par Ofelbe (une première, ça cartonne et on en est au 5ème tome), une adaptation manga, des jeux vidéos... et même une série live américaine a été annoncée !
Bref, ce film est une histoire originale qui se situe après les deux saisons (quatres arcs en tout), et fait surtout références aux deux premiers arcs. Car, que le spectateur lambda soit prévenu, c'est un film fait pour les fans exclusivement !!
En effet, après être sorti d'SAO deux ans auparavant, la mode est à un nouveau type de jeu virtuel. Cette fois ce n'est pas un casque de réalité virtuelle, que l'on met en laissant son corps en sommeil tandis qu'on va se défouler sur du monstre comme si c'était vrai. C'est un système à réalité augmenté que l'on fixe à son oreille, et nous permet de faire entrer le virtuel dans le monde qui nous entoure sans avoir besoin de laisser son corps en veille.
Très vite, tout le monde devient accroc ! Mais bien sûr, les fantômes de SAO ne sont jamais bien loin, et les savants fous non plus (oui le schéma commence à lasser. C'est juste la troisième fois ?).
Si cette révolution est logique narrativement au vu des scandales des jeux de réalités virtuelles, car bien moins dangereuse, j'y vois surtout une vraie tentative de rapprocher le film de notre réalité quotidienne, avec nos google glass, nos casques de réalité virtuelle (qui n'ont heureusement rien à avoir avec le full drive !) et autres objets connectés... jusqu'à l'idole virtuelle Hatsune Miku et Pokemon go !
En quelques situations du quotidien, SAO the movie joue son lanceur d'alerte et nous donne une anticipation délicieuse : le film montre parfaitement comment le fait de donner des gains réels dans un jeu en réalité augmenté, pousse les gens à devenir complètement accroc. Kirito n'est pas dupe et le dit : l'Augma connaît leurs goûts et leurs proposes des cadeaux réels en conséquence (qui a dit le système de pub google ?), et enregistre donc toutes les données... En somme, c'est le big brother de la collecte massive de donnée qui vient pointer son nez ici, voilà qui est d'actualité non ?
Malheureusement le film se contentera d'esquisser le thème, au profit de l'aventure qui se monte tel un thriller, avec des éléments de plus en plus troublants et un rythme lent. Mais trop lent ! Ajouté la répétition des scènes d'évènements-boss, qui impose visuellement la première fois, puis fait bailler, Ordinal Scale se montre quelque peu poussif. Le film tombe vite dans les travers du "SAO sympa mais sans saveur" que l'anime nous montre parfois (ALO principalement) : intrigue sans vraiment de surprise, système de jeu incohérent (dans l'arc 1 de l'Aincrad, les compétences, les niveaux, tout est clair et cela donnait un aspect réaliste, et ensuite, c'est wesh on s'éclate et on s'en fou -_- ), une grosse boulette scénaristique à la fin, enfin, et pas des moindres, oubli de la psychologie au profit de l'action. J'ai aimé pourtant le thème abordé de la mémoire, mais ça reste léger, tout juste de quoi donner un léger pincement de coeur. Sans parler du questionnement du traumatisme post-SAO, tout juste réduite à deux lignes de dialogues. Aïe. Il y avait beaucoup à exploiter.
Bref, Ordinal Scale est un film pour les fans, un peu comme un épisode bonus en attendant la prochaine saison à se mettre sous la dent (enfin l'arc Alicization qui est très attendue ! ). Il est plaisant à voir, l'image est belle (les vues de la ville et de Kirito à moto sont chouettes) et les combats fluides (trop ?), le nouveau look des personnage est cool. Bémol sur la BO trop axé idol pour moi (seulement deux thèmes de l'anime ont été repris). C'est un bon divertissement avec une vrai volonté de fan-service dans le sens premier du terme : faire tout pour faire plaisir au fan (désolé pas de plan culotte, juste un plan bain). Une bonne idée du film, largement exploitée, et justement une idée fan-service, mais je ne peux vous la dévoiler sans vous gâcher la surprise ! Cela donne un très sympa boss de fin et le sentiment de conclure ce qui nous avait un peu laissé sur notre faim dans le premier arc. Emotionnellement, j'ai seulement été inquiète pour un personnage une fois, et émue par cette phrase de fin, ajouté au livre sur SAO, que j'ai trouvé touchante (ça fait donc très peu).
Conclusion ? De bonnes idées et un gros potentiel mais sous exploités (ce qui est plutôt rageant) au profit d'une action trop répétitive, et donnant au final un film un peu trop long. Ordinal Scale est un film de fan-service à réserver pour les plus mordus d'SAO souhaitant avoir une aventure inédite. Pour les autres, ruez-vous sur l'anime !
3/5
ps : par contre roh le plagiat avec l'utilisation d'un shadow de Devil May Cry !