Perdus dans l'espace : la série TV de 2018 versus le film de 1998

Publié le par Lael Marguerite

Perdus dans l'espace : la série TV de 2018 versus le film de 1998

Il y a quelques mois Netflix a fait sensation en adaptant un "classique" (oublié) de la SF, "Perdus dans l'espace" : à l'origine il s'agit d'une série de 1965, 83 épisodes sur trois saisons tout de même. La série avait déjà eu son come-back avec un film sortis en 1998.

Quelque soit le support, l'histoire reste sensiblement la même : la famille Robinson à bord d'un vaisseau nommé Jupiter 2 cherche à rejoindre la nouvelle colonie Alpha du Centaure, la Terre devenant inhabitable. Or le vaisseau se perd dans l'espace (non sans blague !). Ils auront comme antagoniste le Docteur Smith, et un robot tiendra une place importante.

Petit tour de la saga par ordre chronologique !

la série version 1965
Perdus dans l'espace : la série TV de 2018 versus le film de 1998

La série originale est ultra kitsch, trop pour moi, et pourtant j'aime la série Star Trek originale de la même époque, mais y'a de quoi rigoler au vue de la panoplie de monstres les plus improbables que les Robinson affrontent : des affreux machins-vivants mais aussi une déesse nordique, un chevalier du moyen-âge, et même une bande de hippie vous vous rendez-compte ! mdr. Le début est en noir et blanc puis passe en couleur.

Malgré tout il semble que tout comme la série actuelle, il y ait un jeu de manipulation entre le Docteur Smith, Will le plus jeune fils de la famille Robinson, et le robot, principalement pendant la première saison avant que la série devienne plus loufoque. Si quelqu'un a vu cette saison 1 qu'il n'hésite pas à donner son avis en commentaire !

Petite vidéo glanée sur le net histoire d'avoir un aperçu :

le film de 1998

 

Réputé pour être un nanar ayant coûté une fortune, je me suis un peu forcée pour le voir, parce que j'adoooore comparer les supports. J'ai eu la mauvaise surprise de me rendre compte que je l'avais déjà vu, parce que c'est clair, il mérite sa réputation "-_- que ne ferais-je pas pour vous ;)

Perdus dans l'espace : la série TV de 2018 versus le film de 1998

Kitsch et assurément "Pulp", rien ne nous ai épargné, de l'écriture des titres, à la première bataille avec des petits planeurs façon Star wars (tout premier film de 77), en passant par les grosses explosions bien sûr. Pour un film ayant autant misé sur le visuel, difficile de voir le budget pharamineux dans des effets aussi loupés ! Médaille pour le système de cryogénie avec le masque qui se déplie sur leurs yeux, ou l'étrange singe héritier du Debby de la première série (que penny nomme Blop, autre référence). L'intégration à l'image est une catastrophe digne des vieux films types premier Star Wars donc ou l'Histoire sans fin (1984). Et le pire pour ce film de 1998, c'est qu'il sort un an après le superbe visuel du 5ème élément !! Bref, l'image est une purge. Ne parlons pas des sons de tirs façon "Piuu Piuu", des voix française pourries ou des ralentisssss....

Côté histoire la famille Robinson est cryogénisé comme dans la première série, leur but étant d'entamer un voyage de dix ans, en total précurseurs, pour construire sur Alpha une "porte" géante, son "entrée" étant montée sur Terre, le but est de faire une passerelle pour un voyage express et lancer la colonisation. Sauf qu'il y a des rebelles (ils ne sont pas d'accord pour que l'humanité survive ???). Le contexte des "rebelles" nous est balancé dans la tronche sans que l'on comprenne vraiment de quoi il en retourne. Suite à un attentat, pour éviter que le vaisseau ne rentre dans le soleil (libre interprétation de la série d'origine) ils font un bond dans l'hyperespace et se retrouvent perdus (sans "porte" d'arrivée). Le film va nous balancer de péripéties en péripéties pendant deux heures (!), nous passant par tout les poncifs connus (souvent dit à voix haute, à croire que c'est du second degré de la part des scénaristes ?!). Autant dire que ce n'est pas dans le scénario que l'on trouvera du réconfort, tout est hautement prévisible. En prime le film se conclu par une fin ouverte ! Donc clairement l'histoire est un prétexte à de l'aventure dans l'espace, et il vaut mieux ne pas mettre son cerveau en route lors du visionnage.

Et les personnages ? Aïe. On est encore de la caricature extrême, avec des dialogues qui donnent envie de balancer sa télé (pour le coup, comme vous le verrez ensuite, le reboot de Netflix n'a pas fait beaucoup mieux !). La jeune Penny, sans doute bien sage dans la série d'origine, est ici une caricature sur patte de l'ado rebelle des années 90 façon post-apo. Son personnage est inutile et insupportable, au secours ! Will est un surdoué qui fait des farces en cachette, très bon en robotique et sans doute le personnage qui garde le mieux sa personnalité au travers des différentes adaptations.

Le pilote du Jupiter est interprété par matt Leblanc de Friend. Comme tous les autres personnages il est plombé par un script-poubelle, en mode dragueur et petit coq ultra balourd. Il a le béguin pour l'aînée des filles, Judy, constante que l'on trouvera de la vieille série originale à celle de 2018. Judy qui a beau être médecin ne servira à rien d'autre que ce pseudo love-interest. Cela deviendra carrément débile lorsque Will cherchera un médecin auprès du Dr Smith, l'éternel manipulateur de la saga ! C'est Gary Oldman qui joue le Dr Smith, lui qu'on connait pour être le méchant zorg du 5ème élément. Il est découvert tout de suite comme "méchant" à contrario des autres supports. Il est ici médecin, alors qu'il est psy ailleurs. Smith joue les manipulateurs de manière si transparente qu'il se fait rembarrer tout le temps et échoue lamentablement ! Autant dire que son personnage est surtout là pour faire des réflexions sarcastiques. Je ne sais pas ce qu'il en est du Dr Smith de la série originale, mais ici, il n'est vraiment pas doué ! Heureusement que le très bon Gary Oldman parvient à le rendre supportable. Enfin le robot n'est qu'une machine sans conscience, bien que Will tentera de nous faire croire le contraire (mdr mon gars essaye encore), et ne présente guère d'intérêt dans le film à part d'apporter des éléments à l'intrigue.

Bref inutile de s'étendre plus : ce film est une catastrophe. Misant tout sur un visuel ultra dépassé et l'aventure spatiale, il n'y a rien à en tirer que ce soit sur le scénario ou les personnages (le pire étant la très crispante Penny et son pseudo singe). Ce film présentera juste l'intérêt d'un divertissement plutôt rythmé si on parvient à accepter le kitsch et mettre son cerveau sur pause.

1,5/5

Le reboot 2018 made in Neflix

 

On saisit tout de suite que l'image va envoyer du pâté, et qu'il y'aura pleins d'aventures sur une planète hostile, la bande annonce le montre clairement :

Le Docteur Smith est ici incarné par une femme, à contrario des autres adaptations, et son rôle a été complètement revisité ; tout comme le pourquoi du crash et l'origine du robot, qui n'est pas avec les Robinson à l'origine mais découvert sur la planète.

Le pilote est très réussis et ne s'embête pas d'une longue exposition : j'ai été vraiment charmé par la première scène, où la famille joue aux cartes pour éviter de paniquer tandis que leur navire se crashe (encore une fois dans la glace) ! Un pilote qui place d'emblée la famille dans une situation d'urgence et de survie, et voit la rencontre -fort belle- avec le robot. A la fois de l'action et une pointe d'émotion, un visuel à couper le souffle, je me suis dit que ça marche, que ça promet une bonne série.

Et puis j'ai déchanté. Très vite un côté "série familiale", dans le mauvais sens du terme, s'installe avec des dialogues empilant clichés sur clichés. Pourtant, l'idée était bonne de moderniser cette famille avec, non pas la gentille famille unie et souriante des années 1965, mais une famille en désaccord, une famille recomposée, qui essaye de se ré-apprivoiser après une longue absence paternelle. Le père était une célébrité dans les deux premiers supports, c'est un simple soldat dans ce reboot et c'est sa femme qui cumulera ses succès. Elle est très autoritaire, bien qu'elle s'affirmait déjà dans le film. (Le père n'est d'ailleurs plus la tête à claque du film). On retrouve Will le génie, la grande soeur médecin et la cadette Penny qui n'a pas grand chose à faire là. L'idée de les réunir dans l'adversité, c'était bien, mais qu'est ce que c'est traité avec les pieds !

Et c'est assurément un gros, très gros point noir sur cette série : la psychologie des personnages réduits à des poupées débitants stéréotypes et poncifs. Les Robinson sont finalement bien trop fort, trop intelligents, ils ont tout pour eux ; ils sont juste d'une naïveté maladive (et qui ne colle pas avec leur intelligence d'ailleurs). Heureusement Penny vient mettre un peu de légèreté, avec son personnage insouciant et humoristique. Le seul cas où la nuance est plutôt appréciable, c'est avec le pilote du Jupiter, devenu ici simple technicien : la relation qu'il entretient avec Judy est dans une séduction trouble, piquante mais beaucoup plus nuancée et sous entendue que dans les précédents supports (au point qu'il est difficile de parler de drague ouvertement mais plutôt de complicité au jeu du chat et de la souris). Les deux personnages d'ailleurs parviennent à avoir un rôle en dehors de cette pseudo love-interest, enfin !

Assez vite les rejoint le Docteur Smith : là encore l'écriture de son personnage donne envie de l'étrangler, elle manque tellement de subtilité dans ses manipulations et ses regards de sociopathe ! Je trouve que les scénaristes ont manqués le coche en faisant un personnage ambivalent et en même temps bien trop manichéen, rendant ses motivations parfois assez opaques et illogiques (bien que pour 90% des cas ses plans sont si transparents qu'on a envie de baffer les personnages pour qu'ils se réveillent devant sa manipulation évidente).

Le robot et le Docteur Smith

Le robot et le Docteur Smith

Et puis comment ne pas parler du robot, qui est pour moi le personnage le plus réussis, bien que victime lui aussi du côté très manichéen de la série. Visuellement déjà, il claque, contrairement aux précédentes versions qui sont quand même très moches. Il n'est plus aussi bavard, et garde seulement sa phrase culte "danger, will robinson !". Cela le rend d'autant plus mystérieux et efficace, car cela oblige à une discussion non-verbale avec lui : tout les jeux gestuels entre lui et Will donnent le "plus" et l'émotion à la série.

A l'inverse des autres versions de "Perdus dans l'espace", les Robinson ne sont pas les seuls colons : Ils étaient à bord d'un vaisseau-mère qu'ils ont du quitter avec leur Jupiter II, et tout l'enjeu de cette saison sera de survivre sur cette autre planète, bien sûr, mais aussi d'envoyer un message au vaisseau-mère afin de reprendre leur voyage. Et à propos des autres colons, le bas blesse sérieusement, comme si l'écriture de la série n'arrive pas à prendre en compte qu'il n'y a pas que les Robinson mais aussi d'autres personnages : il y en as que pour eux, au point de créer incohérence sur incohérence.

Là dessus, la série a une écriture étrange, à la fois tous les épisodes se suivent sans grosse ellipse temporelle, et à la fois des éléments importants sont mis de côtés, laissant le spectateur bien perplexe. Par exemple, à la fin d'un épisode se produit un évènement important, dans l'épisode suivant il est impossible de savoir si l'évènement est connu du reste du groupe ou pas, ce qui laisse dans la confusion. Bref, c'est mal géré, et cela ajoute aux incohérences.

A part cela les dangers de la planète sont à la fois pragmatiques avec des éléments naturels comme la glace, le sol, mais aussi lié à la faune de la planète. Là dessus il y a je trouve un joli hommage à la série d'origine, parce qu'il y a des monstres, mais j'aime beaucoup la façon de les filmer qui donne un ton réaliste, simplement aperçus dans le noir...

Quand à l'intrigue principale, elle avance pas trop mal en dix épisodes d'une heure, et laisse sur une belle ouverture de fin qui promet une saison 2 meilleure (en croisant les doigts pour que l'écriture de la série s'arrange).

En conclusion, ce reboot de 2018 est très réussit si on le compare à ses matériaux d'origines (la série de 65, le film... oui d'accord il y avait de la marge lol) mais seul il reste dans la catégorie "peu mieux faire, pour ne pas dire franchement crispant".

En bon point, un ensemble qui se suit assez bien, avec un visuel magnifique, une relation entre Will et le robot plutôt chouette, une légère note d'humour, et une planète réussie* avec de (trop rares) moments oniriques.

En mauvais point, une écriture scénaristique faites avec les pieds donnant des personnages stéréotypés au possible, des intrigues trop prévisibles, de multiples incohérences, et une exagération pénible parfois grotesque (Docteur Smith et sa sœur, sérieux ?!).

Bref, Perdus dans l'espace version 2018 c'est très gnian-gnian et donne l'impression d'un Scorpion de l'espace version Canal J, ça se regarde si on arrive à mettre son cerveau de côté pour se concentrer sur la beauté des décors, de la planète, des costumes. A conseiller surtout pour les plus jeunes. Quand aux plus âgés comme moi, j'espère que la saison 2 viendra récompenser de l'effort du visionnage de cette saison 1. Le final promet plutôt du bon. La question étant, vont-ils partir vers le même trip que la dernière partie du film ou engager une histoire différente ?

2,5/5

*le côté absurde de l'environnement a une explication à la fin de saison. Cela dit on peut pas dire que la science soit le fort de la série, loin de là...

ps : histoire d'être complet, la série de 1965 s'est inspirée de la bande dessinée The Space Family Robinson publiée en décembre 1962 par Gold Key Comics, et du roman Le Robinson suisse (Der Schweizerische Robinson) de Johann David Wyss (1812). Là au niveau adaptation c'est un joli mille-feuille !

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F
The Expanse est un excellent choix, mais il faut bien s'accrocher, comprendre qu'il ne faut pas faire autre chose en même temps.<br /> <br /> Comme autres séries, mais qui n'est pas sur Netflix (mais sur Prime Video), il y a The Man in the High Castle, qui est excellente.<br /> Ainsi que deux séries comiques très bien faites : The Good Place et la série d'Arte Au Service de la France, qui serait un mixte entre OSS117 et Kaamelott dans les années 60, toutes deux sur Netflix.<br /> <br /> Et comme tu veux du super héroe, j'ai bien aimé la nouvelle série Titans, mais attention c'est un peu violent.
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L
Oui un blogopote m'a aussi vanté le haut chateau, faut que je passe après mon a priori vu que j'ai pas du tout accroché au livre. The good place je suis ultra fan, j'en ai déjà parlé et c'est dans mon top série de l'année.
L
Heu je ne regarde pas de truc qui fait peur ^^ oui les enfants de la baleine sont dans ma liste à voir, j'en entends parler depuis le premier tome du manga. J'espère que tu as passé un bon Noël. Bise !
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E
En ce qui concerne les séries, de mon côté j'ai eu un immense coup coeur de "The haunting of Hill House". Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi effrayant en série, et pourtant il y a très peu de sang... C'est de l'angoisse à l'état pur, avec des personnages extrêmement fouillés, et une atmosphérique extrêmement mélancolique. Stephen King a parlé de série qui approchait de la perfection... Sinon, en anime j'ai adoré "les enfants de la baleine". Beau, triste, et magnifique... Un chef d'oeuvre.
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L
Merci beaucoup :-) le film reste un guilty pleasure, ça peut se regarder quand même hein c'est juste qu'il y a tellement mieux ^^ pour la série, c'est vrai que le dépaysement est sympa avec du visuel de fou, je reconnais avoir peu d'autres Space op à conseiller pour compenser. Peut-être the expanse mais je ne l'ai pas vu. Par contre en terme série de SF passionnante au niveau réflexion il y a Ascension (faut juste supporter les intrigues de coucheries) (la série est assez courte), et au niveau personnage et voyage temporel original Travelers (les voyageurs du temps en fr). Avec la saison 3 en cours de sortie sur netflix je me refais la série avec grand plaisir, elle a un ton vraiment sensible et plaisant (bien qu'assez melancolique), en tout cas je kiffe comment les scénaristes nous plongent dans la peau de ces voyageurs et mettent la priorité aux personnages plutôt qu'à l'action. C'est mon coup de cœur 2018 number one, faut que je m'active à faire le bilan de l'année d'ailleurs je vais en reparler très vite.
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E
Bel article ! Je n'ai pas vu la série des années 60, j'ai découvert cet univers grâce au film que j'avais... aimé (ne me jette pas de pierres, dans les années 90 on attendait avec impatience Star Wars, on était un peu désespérés...). J'avoue n'avoir jamais revu le film depuis, mais visiblement tu sembles dire que ce n'est pas une bonne idée... J'ai essayé la nouvelle série... et j'ai décroché au bout de 3-4 épisodes. Je suis d'accord avec toi sur les clichés, et les bons sentiments, la série est beaucoup trop familiale pour moi. C'est dommage, car les effets spéciaux sont terribles ! Il faudrait que j'essaie de la regarder jusqu'au bout, mais pas trop le temps en ce moment...
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