[drama SF] Memories of the Alhambra, la réalité augmentée plus vraie que nature
2018 - SF anticipation, Thriller, romance - 16 épisodes
Une nuit, Jin-woo, PDG d'une grande firme de jeu vidéo, est contacté par Se-ju, un développeur paniqué. Il veut lui vendre son jeu de réalité augmenté, mais disparaît avant que Jin-woo en sache plus. Intrigué, Jin-woo se rend à Grenade, en Espagne, pour le rencontrer. Il y découvre un jeu impressionnant qu'il veut absolument acheter. Il rencontre aussi la sœur de Se-ju. Elle se nomme He-ju, c'était une ancienne guitariste, et elle tient une auberge à Grenade avec sa famille. C'est le début d'une longue histoire où la "magie" qu'à fait naître le jeu pourrait avoir plus de conséquences qu'on ne le croit.
Memories of the Alhambra m'a frappé, avant son histoire, par la puissance des émotions qu'elle arrive à dégager. C'est dû à deux composantes :
- D'abord une excellente réalisation et une mise en scène parfois grandiose. Par moments, l'image fait le focus sur un détail, par exemple un poing fermé, parfois avec un ralentis, amplifiant l'émotion transmise par la scène. La scène de l'apparition du cavalier dans le premier épisode est une masterclass : elle nous fait ressentir avec brio la "réalité" du jeu. Car la mise en scène est vraiment mise au service de l'émotion et de l'histoire. On ressent parfaitement le jeu en réalité augmenté comme s'il était devant nous, on est tout aussi subjugué que le héros, on est tout aussi effrayé ou en colère aussi. Cela donne une vrai ampleur aux personnages, j'ai eu l'impression de ressentir leurs tourments intérieurs, de vivre l'aventure avec eux. Il est à noté aussi quelques mises en scènes de batailles plutôt audacieuses, entre plan-séquences, et vision à la première personne. J'ai bien aimé la version renouvelé du "héros qui se réveille" (épisode 4 ou 5 je ne sais plus), j'en dit pas plus pour ne pas spoiler (l'épisode 5 est un truc de fou).
- Ensuite, la bande-son : l'OST est un immense atout de ce drama, là encore mettant en relief les sentiments. On nous épargne en grande partie les chansons habituelles (sauf la chanson love "my hearth is you" au bout de quelques épisodes), l'OST est composé à 95% d'orchestre symphonique, avec en majorité des touches rappelant l'Espagne, mais aussi des touches modernes avec un thème même assez techno. Des musiques grandioses, épiques, tout simplement parfaites. Je vous invite à écouter ma sélection à la fin de ma playlist "OST animes et dramas". Le thème du générique, notamment, "inévitable duel" est puissant :
le thème phare du drama
Évidemment je ne peut pas parler musique sans évoquer le fameux morceau de guitare qui donne le titre, il risque de me filer des frissons longtemps vu le rôle de ce morceau dans le drama. Joué par le PNJ (personnage non joueur) Emma :
On en vient à l'histoire. Il y a en fait deux aspects qui se mélangent : d'un côte tout se qui concerne le jeu, avec beaucoup d'action et de suspens, de l'autre un côté drama romantique plus classique avec une histoire d'entreprise/de lutte d'influence comme souvent (heureusement que ça prends moins de temps d'antenne). Côté jeu ce fut le kiff absolu. J'étais à fond dedans, d'ailleurs j'ai descendu la série en une semaine :) Le jeu en réalité augmenté présenté est un jeu de survie mâtiné de quêtes, et je pense qu'on arrivera à ça prochainement dans la réalité (il manque juste les écouteurs intégrés) : par le biais de lentilles de vues high-tech, nos héros voient des personnages virtuels dans le monde réel. Ce sont majoritairement des assassins du passé et les joueurs doivent les battre à l'épée (tout d'abord). Le jeu est en cela bien plus réaliste qu'un jeu de tennis sur la Wii, c'est avant tout du sport, et le drama nous en montre bien la difficulté. Et on découvre assez vite que le jeu bug. Du genre bug mortel. Du genre à vous filer tellement la frousse que n'importe qui finirait à l'asile. Donc on a de l'action très bien réalisée, du bon suspens, des cliffhangers, et si j'ai déploré un manque d'action très frustrant sur le final, ce fut un régal. Le héros en prends pleins les dents, et j'ai eu de la peine pour lui.
Et le jeu va très vite impacter la vie réelle de Jin-woo au delà de ce qu'il peut imaginer. J'étais au début assez sceptique de sa rivalité avec Cha Hyung-seok, ancien meilleur ami qui l'a trahit, mais le développement de l'intrigue m'a charmé. Même les personnages qui m'ont parus stéréotypés au début, comme le père de Cha Hyung-seok ou Mr Park, se révèlent finalement assez intéressants et plus profonds que je l'aurais imaginé. ça donne de belles surprises sur les derniers épisodes. Finalement c'est du côté des filles que j'ai le moins accroché, entre l'ex-femme, la future ex-femme, et l’héroïne He-ju.
Ah l'amour... Il n'y a pas vraiment d'ailleurs d'hésitation ou de triangle amoureux proprement dit, on se doute dès le début qu'He-ju va finir avec Jin-woo et bon, par moment c'était très bancal. Car le héros le dit lui-même, il n'est pas si bien que ça, il n'éprouve aucun remords pour avoir insulté la fille au début. Il est riche, imbu de lui même, et c'est un investisseur qui est prêt à bien des magouilles pour avoir ce qu'il veut. Mais au delà de ça, le drama arrive à le rendre attachant car on suit sa descente aux enfers et on se demande s'il va s'en sortir (cela dit, il devrait finir plus fou que ça vu ce qu'il lui arrive). à un moment He-ju m'a agacé à lui obéir à la lettre, je veux bien croire qu'elle tombe amoureuse mais quand même. Heureusement qu'il y a quelques scènes où j'ai aimé quand même son rôle et son aide pour la quête principale, même si j'aurais voulu qu'elle soit plus active.
Pour finir, il me faut évoquer la narration, elle aussi atypique. Par moment, elle est décousue et devient non chronologique. Ainsi à la fin de l'épisode deux on a une scène d'action très intense qui se déroule un an plus tard ! D'autant qu'il y a deux ellipses temporelles longues, la première fois étant assez frustrante (en gros on sait que le héros en a bavé et j'aurais voulu le voir). C'est parfois un peu dur à suivre, et si ça augmente le suspens d'un côté, ça coupe aussi du suspens de l'autre (quitter Jin-woo alors qu'il est menacé, en pleine action, pour suivre une magouille de sa future ex-femme ça fait retomber la pression). Sur les derniers épisodes on a que de la narration décousue, et elle s'amplifie : ainsi on a les mêmes scènes sous plusieurs angles, et il y a des récap (genre untel pense à tout ce que untel lui a dit, alors on revoit des bouts de scènes). Cela permet d'avoir pleinement le point de vue d'un personnage et c'était intéressant.
En conclusion :
Memories of the Alhambra est un drama coup de cœur qui m'a marqué par sa mise en scène soignée, sa musique épique et sa narration originale. J'ai complètement plongé dans l'émotion des personnages, j'ai vécu avec eux, et je trouve l'idée de ce jeu visionnaire. J'ai moins aimé l'aspect drama classique, romantique et lutte de pouvoir, mais il est heureusement peu présent.
Je vous conseille vivement ce drama. Il vous faudra toutefois accepter une grande suspension de crédulité, quelques éléments importants de l'intrigue étant simplement considérés comme des bugs ou éléments du jeu sans avoir d'explications crédibles. Le drama insistant sur la "magie" du jeu, je trouve que ça marche malgré tout très bien, d'autant qu'on se retrouve dans la position du héros à devoir accepter ce qui se passe pour avancer. Dommage cependant que le final soit trop capilotractée (cette histoire de "donjon instancié" je n'adhère pas du tout, tout comme le bug Marco qui se règle par magie).
4,5/5
Barèmes du dosage des éléments présents dans ce drama :
- SF/action ++++
- amour ++++
- lutte de pouvoir ++
ps : Les effets spéciaux sont plutôt excellents, l'intégration de l'univers virtuel est parfaite. À de rares moments c'est un peu artificiel mais je chipote (la fin). Le drama a obtenu un prix pour cela en 2019, le Baeksang Arts Awards.
ps2 : je publie cet article sans l'avoir passé au correcteur orthographique, désolé s'il reste des fautes qui font saigner vos yeux.