[anime] Kiba, le shonen politique au vent de liberté
51 ep, 2006. Héroïc-Fantasy, shonen, aventure.
(je le déconseille au moins de 12 ans)
Zedd est un garçon tourmenté qui n'aspire qu'à la liberté. Il ne supporte plus cette ville qui l'étouffe où le vent ne souffle jamais. Alors qu'on attente à sa vie, un portail dimensionnel s'ouvre avec la créature ailée qu'il voit en rêve... sans hésiter il plonge et atterit dans un nouvel univers magique, pas si idyllique qu'il n'y parait au premier abord.
Cette série d'animation, production originale, est à la fois un shonen classique dans certains éléments et comportements du héros au début, et en même temps plutot novatrice. En fait j'ai vite été charmé par son ton grave, par son atmosphère qui respire du désir d'indépendance et qui pose la question du rapport entre la société et l'individu. C'est en fait le pivot de la série, dès le pilote, assez magistral par son ambiance de société autoritaire sans tomber dans les clichés du totalitarisme, où le jeune Zedd passe son temps à courrir pour échapper à la police sans vraiment comprendre ce qu'il a fait de mal. A peine débarqué dans le nouveau monde, ça recommence ; c'est simple, son esprit d'indépendance est bien trop libre pour ces sociétés !
Puis il lui faut dominer son pouvoir, ce qui donne lieu à quelques clichés barbant ("je veux devenirs plus fort !") qui ne durent (avec soulagement) que le temps des tout premiers épisodes (l'épi avec la Joust étant le plus pénible pour cette caricature là, pour ne pas dire que c'est le pire épisode de Kiba : évidemment il est méga fort tout de suite, heureusement qu'après on remet les pendules à l'heure) Mais le "cliché" est atténués car le héros est "une teigne" (lol) même son esprit n'en fait qu'à sa tête !
Finalement la plupart des personnages ont des nuances les rendant particulier. Même Robès, le beau noble imbu de sa personne, devient presque attachant par son "vice caché" et même carément interessant car on ne peut pas le placer chez les "gentils" ou "méchants" (il est juste pour lui lol) Y'a que la jeune fille qui ne sert à rien à part de faire valoir ou soigner les gens, c'est un peu pénible, même si son rôle se renforce un peu. En même temps c'est aussi une des caractéristiques de l'anime : si parfois on se demande, retrospectivement, ce que tel ou tel personnage apporte, et si parfois on se dit qu'il y a trop de personnages, chacun trace sa route dans un relatif realisme : la vie c'est aussi ne pas avoir de rôle défini ou se croiser et se louper...SPOILER comme l'histoire du frère et de la soeur... et puis le rôle de la princesse Rebecca qui est vite oubliée FIN DU SPOIL
Zedd entre sans le vouloir dans un échiquier politique, et c'est là le grand intérêt de la série. Pas du genre tel ou tel seigneur qui intrigue pour le pouvoir (bien qu'il y ai aussi des jeux de personnalités), non, mais dans l'interraction entre différentes sociétés qui ont chacunes des notions, à la fois éloignés et proches, de ce qu'est l'ordre, la liberté, la justice. Pour cela j'ai beaucoup aimé le voyage involontaire de Noah, le compagnon à lunette, personnage à la santé fragile qui se retrouve emporté dans de terribles évènements, personnage plus attachant car plus original dans le fond. Son évolution, bien que passionnante parce qu'elle nous laisse complètement stupéfaite (pour pas dire sur le c*l), me fait quand même émettre quelques réserves GROS SPOILER noah bascule trop rapidement, même s'il était au fond de sa déprime et qu'on le manipule, de là à vouloir tuer son ami....FIN DU SPOIL
C'est important de dire aussi que cette série ne souffre pas de lenteur, les différentes intrigues sont très vites mises en place, on a pas le temps de s'ennuyer, parfois cela se mélange tellement qu'on aimerait même avoir plus de temps pour tout comprendre. En fait très vite la série devient vraiment impossible à prédire. Son univers continue de s'étaler et nous subjugue : chaque nation a ses raisons, ses coups de bluff et d'éclats, ses personalités et leurs destinées... et la leçon continue pour le spectateur, inébranlable : regardez, semble t-on nous dire sans jamais de moralisation explicite, regardez comment le pouvoir corrompt les coeurs (le message devient vite ainsi l'inverse du "je veux être le plus fort possible" traditionel des shonen)... regardez comment la "sagesse" des traditions ou les lois d'un Etat peuvent manipuler, endoctriner et au final détruire la personnalité.
Alors que les personnages vivent des drames horribles en permanence, les echo s'installent et se repercutent, et le spectateur ne peut que regarder cette pièce de théâtre grandiose se jouer devant lui, saisi d'un sentiment de frayeur, réalisant combien notre détresse nous rend vulnérable à toute sorte de manipulation (entre autre. Je crois que l'on apprends aussi bcp de choses inconsciemment. L'une des forces de cet anime et de developper ses thèmes sans jamais être ouvertement moralisateur. A nous de réfléchir en notre âme et conscience sur le pouvoir, la notion de héros "sauveur" etc).
Au final je ne vous ai toujours pas parlé des Shard Caster. Je ne dirais pas grand chose, vous laissant découvrir, si ce n'est que la magie là bas consiste en l'invocation de créatures, et qu'elles sont assez originales (décidement c'est le mot) sorte de mélanges piochant à la fois dans les insectes, les créatures de toutes sortes, et une bonne dose de créativité. Ils se battent aussi avec des épées magiques... qui ressemblent plus à des sabres laser, et elles en ont le bruitage ! (bon cela dit j'ai vu ça ailleurs aussi).
A noter que même s'il n'y a presque pas de sang, le plus violent se contentant d'être suggéré, cela reste une série assez saisissante émotionellement et parfois violente psychologiquement. On n'est clairement pas dans une série "légère", d'ailleurs il n'y a pas vraiment d'humour, mais nous sommes dans une série poignante qui est là pour faire réfléchir.
Personnellement j'ai du la voir en plusieurs fois, afin de bien digérer ce qui se passe, notamment le début qui accumule pas mal de trucs terribles, mais je ne regrette vraiment pas le voyage.
Incroyablement, ce que j'en retiens, c'est un sentiment de liberté sur une belle musique "ethnique". Comparés à toutes ces aventures, nos malheurs ne sont pas moins réels mais nous avons la chance de pouvoir respirer, d'avoir conscience de notre individualité et de la force que cela peut procurer. Et si vous n'en aviez pas encore conscience, cette anime peut sans doute vous y aider.
(la tête d'Amil Gaoul, l'esprit de Zed, dans le générique de fin "very, very". Cet esprit a une classe incroyable, et se démarque par son caractère)
Conclusion : un anime à l'univers politique et thématique très fouillé, qui ne peut pas vous laisser indifférent. De l'action, de l'émotion, du drame, et des rebondissements à la pelle. Un morceau complexe mais joué avec une très grande maîtrise du début à la fin, ne laissant aucune part à l'ilmprovisation. Le genre d'histoire avec un grand H qui vous fait dire "ben m***** alors !", le genre d'histoire qui marque parce qu'il interpelle quelque chose de fondamental en nous.
Au vu de la violence psychologique il est presque à classer dans un seinen, en tout cas je ne le conseille pas aux plus jeunes et je pense qu'il demande une certaine maturité d'esprit pour l'apprécier pleinement (sans passer à côté ou se le prendre trop dans les dents si vous voyez ce que je veux dire).
4,5/5
Note : Au niveau du dessin il est à noter une petite originalité, c'est que les yeux du héros sont entièrement cerclés de noirs, soulignés en plus de marrons. Cela lui fait un regard dur qui colle très bien à son perso et lui donne de l'intensité. Et puis j'aime beaucoup la dégaine de sa veste et de son bracelet (au point que je rêve d'en faire un cosplay, mais la perruque blanche me freine un peu ^^ pi le marron sous les yeux ça peut très vite faire cernes XD ) En fait les autres persos, pour la plupart, ont aussi des yeux encerclé de noir, ce qui les rends plus dur que de coutume je trouve.
De manière globale c'est une belle animation qui nous est servis là.
Deux mots sur la bande son : les oppenings et endings (génériques) sont chouettes et bougent bien, on peut les écouter (et voir) ici profitez en ! "sanctuary" et "very, very" restent sur ma playlist en permanence (en plus vous verrez les différents esprits dans le clip de "very, very" ). Quand à l'OST, sorte de pseudo jazz inclassable digne des vieux animes, elle a été plutot désagréable à mes oreilles -enfin je m'y suis fait-, reste quelques morceaux sonnant voix et "tribal" qui là m'ont vraiment charmés, notamment l'hymne d'Amil gaoul qui revient fréquemment.