La flotte perdue T1&2, jack Campbell
Indomptable - la flotte perdue tome 1
Jack Campbell
Chez l'Atalante
space op' militaire
Black Jack Geary est une légende pour avoir sacrifié héroïquement sa vie à l'aube d'un grand conflit. 100 ans après, il est décryogénisé. Il découvre une flotte en déroute, au cœur du territoire ennemi, et apprends avec stupeur que la guerre n'a pas cessé. Pire : le voilà catapulté à la tête de la flotte pour la ramener à bon port, car il symbolise l'espoir. Mais arrivera-t-il à la hauteur de son propre mythe ?
Mon bilan est mitigé sur ce space op'. La première moitié s'est lue toute seule, c'était simple et ça coulait, et puis les mécanismes se sont grippés, pris dans un écheveau d'éléments réalistes qui compliquent bien trop le récit (j'y reviendrais).
Ce que j'ai aimé, c'est le divertissement simple, avec une petite réflexion constante sur le changement de mentalité due à la guerre et la gloire du héros dans l'histoire. En effet, parce que les équipages n'ont pas le temps de se former convenablement, et sous les assauts de la guerre, les terriens de l'Alliance ont oubliés ce qui fait la différence entre eux et l'ennemi, ils ont oubliés leurs valeurs. De même, ils ne réfléchissent plus et se jettent bravement et stupidement dans les bras de l'ennemi... Evidement Geary est dégouté ! Le pire étant pour lui que tout ces jeunes matelots sont persuadés qu'il a lui même donnés les dernières directives dans ce sens lors de sa dernière bataille. Il y a alors un effet doux-amer, cruellement ironique, à entendre les phrases qu'a prononcé Black Jack Geary il y a cent ans lui revenir régulièrement dans la figure, totalement hors contexte, et à l'opposé de ses convictions !
Cela déteint sur le récit : même s'il y a de l'action, la tactique est mise en avant et constitue à 80-90% du livre, car Geary leur apprend à réfléchir avant d'agir. Si j'aime beaucoup cet aspect, cela finit par devenir un piège dans lequel ce récit s'enlise.
Venons-en au réalisme du récit. Chaque action doit être réfléchie et minutée avec soin, car ce livre prend en compte un côté scientifique difficile à maitriser, et qui d'habitude est totalement squizzé sur le principe du coup de baguette magique : communications et détections "instantanées" ? Pas ici.
L'auteur a pris la peine d'inclure la relativité due à la vitesse de la lumière : il prend en compte le temps que met la lumière pour parcourir la distance entre l'objet observé et nous. Ainsi un vaisseau détecté très loin par un scanner donnera en fait sa position plusieurs heures auparavant, et plus il se rapprochera plus le décalage entre l'information et la réalité sera court.
C'est à la fois une idée de génie - il fallait oser - et une idée difficile à inclure et franchement casse-gueule. Globalement Campbell s'en sort admirablement bien, et je n'ai vraiment tiqué qu'avec les communications, par exemple au début, où chaque réponse va prendre plusieurs minutes pour arriver, mais l'échange se passe tout de même normalement.
Mais sur la fin ça se complique diablement car un autre réalisme débarque : la prise en compte tridimensionnelle de l'espace. Encore une fois c'est une idée à saluer sur le papier, mais en pratique... ça rend les batailles encore plus incompréhensibles. Campbell nous tartinant d'une longue bataille se résumant à quel vaisseau se place où, les ordres pour sa position ; le temps de décalage entre l'ordre donné, la réponse, et l'image transmise... Sans oublier qu'il y a une dizaines de vaisseaux cités, chacun avec leurs officiers supérieurs... Le casse tête ! J'aurai aimé plus de descriptions imagées pour pouvoir visualiser la scène.
Tiens, ça m'amène à un détail moindre. Je ne sais plus si c'est dans ce tome là où le suivant, on apprend que la flotte est composée de plusieurs centaines de vaisseaux ! Hors si Geary fait face à une certaine rébellion face à son autorité qui a bien peu de légitimité, il n'y a réellement que deux capitaines qui lui posent problèmes ouvertement ! Et il ne traite qu'avec une dizaine d'officiers. Quelques phrases par ci par là pour élargir le spectre et nuancer tout ça n'aurait pas été de refus.
Bref, beaucoup de tactique et de réalisme, et trop au final. Le récit en lui même s'essouffle et radote. L'intrigue n'avance pas et les personnages restent relativement transparents. D'autant que les discussions à rallonges, et qui se répètent, finissent par lasser. Pire, un récit autant construit sur la logique et la réflexion devient complètement aberrant lorsque le lecteur voit une autre solution, parce que "Geary qui pense à tout" ne parait pas penser au plus élémentaire, cf le passage des navettes de ravitaillements. *spoil* Ils supposent qu'elles sont piégés, aucune preuve formelle. Et ils ne se demandent même pas s'ils se sont trompés ? Si c'est le cas, non seulement ils lancent les hostilités, mais ils perdent du matériel dont ils ont désespérément besoin ! Ils ne prennent même pas le risque d'arrêter la navette pour voir si elle explose, et si non de récupérer le maximum de matériel ? *spoil*
Mon avis est mitigé, et je peine à lire la suite. Il est impérieux que la trame de l'intrigue avance où je vais abandonner.
3/5
Autre critique : Renan (avec une petite illustration comique sympa) et sur Hu&mu
Téméraire - tome 2
La flotte est toujours... perdue (oui facile), Geary fait tout pour la ramener à bon port. Pas facile lorsque les Syndics sont là pour vous mettre la raclée ! Mais le principal problème ne viendrait il pas de l'intérieur ?
(La quatrième de couverture en dit trop ! Déjà qu'il y a peu d'histoire, si en plus on la connait d'avance hem "-_-)
J'ai bien fait de le mettre de côté pendant un temps, j'ai réussis à replonger dedans !
Bon les répétitions à outrances me sont sorties par les yeux, c'est limite toute une partie du developpement du premier tome qui est radoté ! Par exemple le fait que sans l'Hypernet les systèmes dépérissent, qu'en cents ans les Spatiaux ont tout oubliés des valeurs et du respect de l'ennemi, blablabla... Je me demande presque si Campbell n’a pas fait du copié-collé de ces paragraphes explicatifs... Il répète aussi certains éléments sur les personnages comme si on ne pouvait pas les intégrer en une fois (le capitaine Desjani est admirative à l'excès, Rione se méfie, Falco est persuadé d'avoir raison...)
Les batailles sont plus abordables et plus claires, mais il n'y a toujours aucune description des vaisseaux ce qui est handicapant à la longue. Comment visualiser les tailles des vaisseaux ?! Il y a des "avisos", des "destroyers", des "croiseurs lourds", des "croiseurs léger", des "croiseurs de combat" et des "cuirassés". Là je vous les ai mis dans l'ordre que j'ai finit par deviner du plus petit au plus grand, mais ça reste très flou et parfois contradictoire (à un moment les deux derniers termes sont utilisés pour les mêmes vaisseaux) !
Dans le même genre j'ai du mal à me représenter une réunion virtuelle d'une centaine de personnes (!) avec seulement quatre ou cinq qui prennent la parole, sans compter le délai de quelques minutes de transmission !!
Venons-en aux personnages, c'est simple je n'accroche pas. Trop lisses, cloisonnés dans leurs stéréotypes, même si la mentalité des spatiaux évolue agréablement (surtout avec la capitaine Desjani). J'ai eu bien peur en voyant l'arrivée de Falco, qui est tout à fait la tête à claque égoïste qu'on a qu'une envie c'est de baffer, de devoir me le coltiner tout le roman (j'aurai craqué), mais heureusement il reste souvent en arrière plan.
Bien sûr, notre héros finit par avoir une amourette avec la plus froide du lot, un drôle de truc ! Mais au moins j'ai aimé son questionnement de "couche t'elle avec moi pour le pouvoir", et du fait qu'il n'arrive vraiment pas à la cerner. *spoiler* M'enfin la colère de Rione pendant toute la première partie du roman quel calvaire ! Je n'ai même pas compris pourquoi elle s'est emportée comme ça !*spoiler*
Ce qui est sympa dans cette saga, c'est qu'il y a bon nombres de femmes aux hautes fonctions, et traités tellement à l'égal des hommes que j'ai crû au début que l'une d'elle - le colonel des fusiliers spatiaux Carabali - était un homme !
Pour finir, je le dis tout net, je pense que la traduction est très mauvaise et n’aide en rien. J’ai eut cette sensation au début du premier tome, et puis je me suis habituée aux phrases parfois bizarrement tournée. Mais quand même. Il y a notamment une phrase qui était clairement du copié-collé de l’anglais au point que je ne l’ai pas comprise ! Certains mots étaient aussi un peu trop soutenu voire curieux (insincérité !? Et pourtant ça existe, ben je ne le savais pas^^)
Bref désolé pour cette critique décousue mais elle est à l’image de ma lecture ! Mon opinion a fait sans cesse le yoyo, et si l'intrigue avance un tout petit peu, j’ai surtout remarqué des détails qui m’ont agacé. Pourtant, je le reconnais, cela reste un divertissement plutôt prenant vu que le pavé est vite descendu (ah moins que je sois en manque de space op' en ce moment, ça se peut aussi XD).
Trop de réflexions, de maladresses et de répétitions, pour un space op’ divertissant mais somme toute très intellectuel et à l'ensemble manquant de corps.
3/5
Autre critique : Renan
Note : L'Atalante vient de publier la suite de cette saga (qui fait déjà 6 tomes), cela s'intitule "par delà la frontière".