Les Lions d'Al Rassan, Guy Gavriel Kay [critique éclair]
Fantasy historique, lu en commun avec le Cercle en avril.
Depuis l'assassinat, quinze ans auparavant, du dernier khalife, l'empire d'Al-Rassan est éclaté en cités-états rivales. Dans ce climat troublé, la discorde règne, et inlassablement se querellent Asharites, adorateurs des étoiles d'Ashar, Kindaths et Jaddites, les fils du dieu-soleil Jad. Il est cependant une menace plus grande encore qui pèse sur le royaume : au nord, les anciens monarques d'Espérance semblent s'organiser pour lancer une guerre sainte de reconquête.
C'est dans ce contexte instable que trois destinées d'exception vont se croiser. Trois êtres que tout oppose : Rodrigo Belmonte, le prestigieux chef de guerre jaddite, Jehane , brillant médecin kindath, et Ammar Ibn Khairan, le poète asharite, celui-là même qui jadis assassina le khalife...
Il m'est difficile de me replonger dans cette lecture qui me paraît si lointaine (et je grince les dents d'avoir attendu si longtemps avant d'écrire cette critique).
Pour commencer j'ai eu un mal fou avec la "fantasy historique", genre que je ne connaissais pas. On explore ici une Espagne médiévale revisitée, pas de magie ni d'êtres fantastiques au menu. J'ai eu le sentiment de lire un récit historique qui ne se revendique pas comme tel, un peu comme s'il restait là les fesses entre deux chaises, et je n'ai pas aimé cela.
Le livre parle surtout de politique et de guerre. Les personnages sont un peu Shakespearien à se retrouver balotés par les évènements. La guerre est réaliste, sale, absurde. Il n'y a pas de "gentils" et de "méchant", chaque camps est dirigé par des fanatiques qui commettent des attrocités... Côté guerre de religions j'ai trouvé que ce n'était finalement pas assez developpé. J'aurai aimé plus de pique comme celle ci : "chaque peuple a ses fanatiques. Ils viennent, se transforment, reviennent sous un autre aspect". (p664).
Ce livre parles aussi beaucoup d'amour, et nous dévoile plusieurs scènes de sexe "des milles et une nuits".
Côté forme, on suit différents de points de vues, GGK maîtrise parfaitement la balade et c'est génial. Le récit est bien mené, nous donnant parfois des sensations fortes (entre autre dans un jeu de cache-cache avec le lecteur terriblement arggggggggggggggg). L'écriture est chouette, parfois poétique, parfois épique. Les personnages sont assez sympatique mais ils sont un peu trop pris dans leurs principes, drapés dans leurs dignités et leurs honneurs. Cela les fait parler de manières si maniéré... ce sont des gentilhommes qui se plaisent aux joutes verbales. Mais moi j'ai trouvé ça barbant.
Les Lions d'Al-Rassan est un drame théâtral, heureusement parsemé d'humour pince-sans-rire. Le fond de l'histoire a été pour moi très éprouvant. Trop mélancolique, trop dur, trop proche de ce qu'on attends d'un récit historique classique. Au final les personnages sont pris entre le marteau et l'enclume et n'ont aucun moyen de s'en sortir.
Bref, une oeuvre qui a des qualités (surtout celle de se lire d'une traite une fois qu'on est bien rentré dedans) mais duquel je ne garde pas un bon souvenir (au vu de ce que j'avais posté à l'époque, j'étais plus enthousiaste alors). La "morale" de l'histoire étant : l'homme est un monstre, la vie est cruelle, et tu n'y peut rien... pas super gai quoi "-_- 3/5
Autres critiques : Acr0, Guillaume44, Maëlig, Olya, Ptitetrolle, Vert