[serie TV] Bodyguard, un thriller court mais intense, coup de coeur !

Bodyguard est un thriller politique haletant. Série anglaise (qui a eu un succès record sur la BBC), avec un format de 6 épisodes d'une heure, nous suivons les péripéties de David, un garde du corps fraichement nommé auprès de la secrétaire d'état à la défense. La série commence par une scène très dense où l'on ne parvient plus à respirer : notre héros va devoir convaincre une personne ne ne pas se faire sauter...

Tout de suite le cadre est posé : la série prend bien le temps de faire des scènes longues où la tension ne baisse pas d'un iota, mettant nos nerfs à rudes épreuves ; et même les scènes plus anodines gardent cette intensité latente. C'est un gros coup de maître de gérer ainsi la tension narrative, et cela aide à une immersion totale dans la peau du personnage principal, d'autant que même si on sait très peu de choses sur lui, le focus reste sur lui presque en permanence, même lorsqu'il attends, posté de surveillance, regardant les allées et venues des personnes allant en réunion avec Julia, la ministre qu'il doit protéger. Les premiers épisodes sont d'ailleurs assez peu bavards, on est dans de l'imprégnation (après tout le bodyguard n'est pas là pour discuter) et de l'ambiance avant tout, le tout servis sur un plateau d'argent en terme visuel : la qualité d'image est celle d'un film, la réalisation aussi, c'est un vrai régal. Mais on ne va pas nous laisser souffler pour autant, car les évènements vont se succéder.

Notre héros David Budd, interprété par Richard Madden que les fans de Games of thrones ont déjà vu dans le rôle de Robb Stark

Ce serait dommage que je vous spoile trop, mais j'ai jamais vu une scène aussi réaliste et intense de fusillade, et je me souviendrais longtemps de la réaction des personnages dont la voiture est criblée de balle - c'est je trouve la meilleure scène de la série avec le début du pilote. Et puis tout s’emmêle, assez étonnamment on se retrouve avec des scènes de cul assez osés, et dans un sac de nœud politique où chaque personnage vient tisser sa toile de façon vraiment peu explicite. Je dirais même qu'on ne comprend pas grand chose à ce qui se trame, entre les politiques, la police et la sécurité intérieure... ce qui m'a un peu frustré : je ne sais pas si c'est une volonté narrative mais j'aurais aimé que cela soit plus clair, et c'est le seul reproche que je ferais à cette série ; même la fin a été assez incompréhensible pour moi dans le détricotement du sac de nœud (cette saison 1 a une vrai fin, un arc est clôt, et une saison 2 est en préparation). En même temps cela rend tous les personnages ambigus, impossible de prédire leurs réactions ! Ainsi du coté flics menant l'enquête, on navigue vraiment en eaux troubles, et c'est plaisant de ne pas avoir des personnages transparents (je pense entre autre au dernier épisode, je n'ai pas adhéré sur certains points mais sur celui là c'était top, impossible de connaître leurs décisions à l'avance !).

L'autre chose que je "reproche" à la série c'est une grosse incohérence mais que l'on pardonne volontiers grâce au suspens, que dis-je, au supplice que cela nous inflige (si vous saviez dans quel état j'étais mdr J'ai crié "c'est pas vrai !" alors qu'on était en pleine nuit lol) (mais c'est quand même bon de savoir que ce n'est pas réaliste : après avoir la série, je vous invite à aller sur le wiki au mot "balle à blanc").

J'aurais aimé aussi que se poursuive une trame narrative sur la psychologie de David qui s'est perdue en cours de route, nous montrant un bodyguard qui n'est pas d'accord avec la vision ultra-sécuritaire quitte à être liberticide de la ministre qu'il protège. Mais j'ai beaucoup aimé que ce dilemme soit évoqué (et je regrette d'autant plus l’ambiguïté que cela donnait au personnage).

L'une des patronne, la commandante Anne Sampson à la tête du Metropolitan Police’s Counter Terrorism Command (j'ai cherché le terme français exact en vain sorry)

Pour finir l'une des choses que j'ai apprécié dans cette série c'est qu'il y a des flics de toutes origines dans la cellule antiterroriste (y compris le patron), et beaucoup de femmes dans les postes clés. Et cela est intégré à l'univers sans avoir besoin d'être montré du doigt. Cela fait tellement de bien !! Cette diversité est vraiment rafraîchissante, d'autant que ce qui peut paraître cliché dans le premier épisode nous éclate au nez à la fin en mode "le cliché vous a aveuglé" (c'est énigmatique dit comme cela mais sinon ça spoile !). Bref la série vient mettre ici un bon coup de pied aux derrières de ceux qui en ont besoin et j'ai adoré XD

Des flics de la cellule antiterroriste (dont l'inspecteur en chef de dos).

Bref vous l'aurez compris, je vous recommande vivement Bodyguard, un thriller politique à la tension narrative impressionnante, à la diversité représentative des personnages qui fait du bien, à l'image léché, et ne s'encombrant pas de discours inutile pour miser avant tout sur l'ambiance et le focus sur le personnage principal. En prime la série évoque le dilemme actuel du rapport entre le besoin de sécurité et celui de préserver nos libertés, ainsi que la fragilité de soldats souffrants de stress post traumatique. Un coup de coeur avec comme seul bémol l'intrigue politique bien trop obscure : 5/5

A noter :

-l'acteur principal Richard Madden a obtenu le Golden globe 2019 (oui ce mois-ci) du meilleur acteur dans une série dramatique.

- c'est une série adulte, il y a du sang et du sexe, je n'ai pas trouvé d'indicatif mais je dirais moins de 14 ans (j'ai vu pire mais il vaut mieux prévenir).

- Je copie Allociné à propos du succès sur la BBC : "En l’espace de deux semaines, Bodyguard est devenu le nouveau drama le plus regardé en Grande-Bretagne en 2018, avec un démarrage réunissant 6,8 millions de téléspectateurs sur BBC One. La chaîne a ainsi réalisé sa meilleure audience pour une série télévisée anglo-saxone depuis 2011. Un succès fulgurant qui ne s’est pas essoufflé, puisque le sixième et dernier épisode a rassemblé en moyenne 10,4 millions de téléspectateurs, avec un pic à 11 millions lors des cinq dernières minutes. Il faut remonter à Downton Abbey pour rencontrer un tel audimat." Pas étonnant donc qu'une deuxième saison soit en préparation, même si la saison 1 se suffit à elle même !