[Livre SF] le courage de l'arbre par Leafar Izen
SF, Space opéra, chez Albin Michel Imaginaire. Paru le 20 avril 2022.
Grâce au Phytoïde De Katz, arbre prodigue et mystérieux, l’humanité a conquis une bonne partie de la galaxie. L’Égrégore, un réseau de communication tentaculaire, synchronise le temps des Hommes et fait vibrer leurs âmes sur-connectées au son du même diapason.Voilà un bon space-op, une bonne lecture malgré quelques défauts.
Les plus :
- C'est un page turner, à part un moment où je me demandais où l'intrigue allait, ça se lit très bien et l’on a toujours envie de lire la suite.
- J'ai beaucoup aimé tous les passages autour du concept de l'émanation, de l'impact sur les personnages, c'est assez malin. De manière générale l'univers présenté est vivant et intéressant. J'ai bien aimé aussi le rapport à l'art.
- Le style par moment très poétique surtout au début et à la fin ce qui m'a un peu déçu sur l'entre-deux. Quand on commence fort cela donne des attentes !
- L'intrigue générale à quelque chose de grand, de poétique. J'ai aimé la façon dont le mystique, le mystère du vivant, apporte sa pierre à l'édifice sans servir d'excuse scénaristique, mais bien là comme l'essence du texte. Cela aurait pu être plus poussé, mais quelque part c'est très intéressant de laisser cette part au lecteur.
En bof ?
- Des thématiques comme notre dépendance à la technologie ou notre rapport à la mort, l'individualité et le libre arbitre pointent par moment, j'aurais souhaité que cela soit plus approfondi. Là où les questions relatives à la conscience et à la réalité sont bien présentes. Il aurait aussi été intéressant de parler plus de ce besoin de revenir à des choses simples et à la nature. C'est un brin sous-jacent avec les aventures sur la planète des aiguilles du monde, j'ai beaucoup aimé ce passage très inventif.
En moins :
- Le terme d'intelligence artificielle n'est pas selon mon point de vue très adapté, ce serait plutôt "intelligences désincarnées", cela m'a un peu sorti du récit d'autant que c'est un point important de l'histoire.
- J'ai eu du mal à comprendre le détail de la conclusion de l'histoire principale, sans spoiler ça va être difficile, mais pour faire simple, tout ce qu'il y a autour du "démon" et de sa raison d'être est très obscur. D'accord, il y a un aspect métaphorique et poétique, mais ça manquait quand même d'un brin d'explicite.
- J'ai eu un certain choc quand au détour d'une explication, on comprend que ce récit se passe dans plusieurs millénaires (160 000 ans !). Les us et coutumes, les comportements et le physique des personnages, la technologie... Tout cela m'a paru trop proche de nous pour être dans aussi longtemps ! j'ai plutôt eu l'impression de lire un récit se passant dans 200-300 ans maximum.
- La nouvelle division du temps est un concept intéressant, mais il aurait été souhaitable d'ajouter un tableau de comparaison à la fin, surtout que les équivalences ne peuvent pas être faites par un calcul facile (ce n'est pas fois 2 par exemple, ou 1 giga-heure = 100 ans, mais plutôt un chiffre complexe, un peu comme si on nous propose de convertir des euros en francs avec les chiffres après la virgule.)
En conclusion
Le courage de l'arbre est un très bon livre que je relierai avec plaisir, notamment grâce à son style recherché (et étant très exigeante je compte ces livres sur les doigts des mains). Non seulement c'est un page turner, il y a de l'action, de la réflexion, un peu d'amour, du drame mais de la légèreté aussi... mais j'ai eu le sentiment de toucher à quelque chose de profond, de sensible, de juste.
Mon seul regret et que cette profondeur n'a pas été plus développée : on nous fait caresser le voile recouvrant la réalité de cet univers fictif sans jamais vraiment le lever et voir de l'autre côté. C'en est presque frustrant. Peut-être dans un deuxième tome ? (C'est un one-shot mais laissez-moi rêver !)
D'autres critiques (la plupart très poussées et qui spoilent trop à mon goût, mais ça m'aura permis d'apprendre que ce qui est suggéré dans ce livre semble posé sur des bases scientifiques très solides, voir les détails chez Orion) : sometimes a book, l'épaule d'Orion, au pays des caves trolls, anudar, apophis