[film et manga] Alita vs Gunnm

Publié le par Lael Marguerite

[film et manga] Alita vs Gunnm

2019 - SF cyberpunk post apo, adaptation du manga Gunnm (j'y vient à la fin de l'article)

L'an 2563, 300 ans après que la Terre a connu une catastrophe appelée "l'effondrement" consécutive à une guerre contre Mars. Alita est une cyborg amnésique, récupéré dans une décharge par le docteur-mécanicien Ido qui l'a ramenée à la vie. Or elle détient des capacités de combat uniques qui attirent la convoitise des dirigeants corrompus de la ville.

La première chose qui nous frappe, c'est l'image. OMG quelle qualité visuelle ! Les vues d'ensembles sont splendides, et l'intégration entre les vrais acteurs, vrai décors (?) et la 3D est tout simplement prodigieuse. L'esthétique est discrète, principalement dans la mécanique : les cyborgs bien sûr et aussi les moyens de locomotions. Cela suffit à nous envoyer très bien dans ce lointain futur post apocalyptique (où malgré tout on dors encore dans des lits simples lol). Les yeux de l’héroïne sont réussies et pourtant c'était un pari compliqué : pour la petite histoire leur taille a été réduite après que les gens aient critiqués le premier trailer du film.

[film et manga] Alita vs Gunnm
[film et manga] Alita vs Gunnm
[film et manga] Alita vs Gunnm

La deuxième chose qui m'a frappé, c'est la puissance des combats. D'un dynamisme fou tout en restant parfaitement lisible, j'ai adoré la façon qu'Alita a de se battre et je restais suspendue la bave aux lèvres devant la précision et la force de ses gestes. Mais très vite on constate alors une violence étonnante et inattendue. C'est sans concession : il faut dire qu'avec des cyborgs dont seul la tête est humaine, cela laisse la place à la destruction... Il n'y a certes pas de sang car les cyborgs ont un liquide bleu à la place, et souvent la caméra ne nous montre pas le pire, néanmoins il est facile de remarquer que les méchants tuent, et que les gentils, pour se défendre, tuent aussi. C'est un monde complètement sans pitié et le comportement des individus qui en découle est à la fois pleins de candeurs et de naïveté, mais aussi autant violent que l'univers dont ils sont issus. C'est d'une logique implacable, et pourtant, curieusement, le monde dépeint est trop lisse pour que la violence soit vraiment choquante : en fait elle paraît surtout incongrue.

J'ai aimé le portrait brossé de ces personnages qui rêvent d'un ailleurs meilleurs, et sont prêt à tout pour survivre (même si ça aurait pu être mieux fait). J'ai trouvé cela poignant. Cela rend le parcours d'Alita d'autant plus parlant : que ce soit dans sa découverte de ce monde comme de la recherche de ce qu'elle est. La violence, pour le coup, vient renforcer le sentiments de rage brute qu'ils dégagent ; l'émotion naît de voir ces corps se briser mais dont le visage reste emprunt d'une détermination farouche de vivre. Curieusement, j'ai envie de dire que le film ne va pas assez loin : je suis resté dans un sentiment mitigé, entre cette impression de survie hargneuse et dans celui, contradictoire, d'une sorte de légèreté mal placé. Celle d'adolescents qui présentent une candeur un peu trop grande pour ce monde et qui traduit plus, je pense, une volonté du réalisateur de pousser cette histoire vers un film d'ado qu'il n'est pas.

Le second rôle avec l'amoureux m'a, donc, profondément déplu. Non seulement le personnage est très cliché mais il fait preuve d'une bêtise consternante. Par moment d'ailleurs il y avait un flou dans les dialogues sur ce que chacun savait de l'autre, je n'ai pas vraiment réussi à mettre le doigt dessus mais il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec ce personnage. On peut se faire manipuler, être amoureux, mais de là à être aussi naïf et ne pas être surpris quand on comprends ce qui se passe (mais a t'il seulement compris ?!). Il n'est pas le seul personnage à faire preuve d'une crédulité consternante (là je pense à la femme du docteur). Cela dit, je trouve sympathique la façon dont il n'est pas là pour sauver Alita tel le mâle conquérant, il sert surtout de love interest perturbant Alita, la rendant d'autant plus humaine (qu'est-ce qu'on peut faire comme idioties quand on est amoureux !).

En conclusion Alita est un bon film au visuel exceptionnel et avec une héroïne touchante. Il m'aura donné envie de lire le manga dont il est adapté (Gunnm) d'autant que la fin est laissé en suspens et qu'il y a peu de chance d'avoir une suite. Ce film est un peu comme une palpitante présentation (la fin tirant trop sur le "à suivre") qui donne vraiment envie de plus.

4/5

Autre chronique très détaillée avec photos ici

réédition de 2013 avec quelques pages couleur

réédition de 2013 avec quelques pages couleur

Gunnm Tome 1 : comparaison avec le film

/ attention je spoile sur les deux, logique ! Si vous ne voulez pas de spoiler sautez à la conclusion /

Dès les premières pages ont comprends qu'il y a quelques différences majeures : à savoir Alita qui en fait s'appelle Gally, et le fait que le corps que le docteur lui fait est issus de la décharge et non prévu pour sa fille (qui ici n'existe pas). Ce qui est marrant c'est que le nom donnée à l’héroïne correspond au nom de l'enfant perdu dans le film, et pour le manga... c'était le nom d'un ancien chat du docteur ! En tout cas je comprend pourquoi cette histoire de fille est un peu bancale dans le film.

Le film a remodelé cette histoire du guerrier à la lame et du chef de la ville, piochant dans les cinq premiers tomes du manga (sur neuf). Tout cela n'apparait pas dans le premier tome. Dans le manga cela va très vite, trop vite en fait : sans transition dès que Gally va chercher sa licence, elle affronte le géant Makaku, c'est limite on se demande pourquoi et ça casse le récit. Géant qui dans le manga se nourrir de cerveaux pour se doper (non présent dans le film). Elle ne rencontre pas son amoureux non plus dans ce tome mais dans le suivant. Le motorball aussi arrive plus tard, on voit juste un combat d'arène dans le tome 1.

Et si c'est bien Makaku qui détruit son premier corps, c'est lors du premier affrontement avec lui (le deuxième dans le film). Le nouveau corps de Gally, le berserker, était caché sous le labo par le docteur dans le manga, et trouvé par Gally dans le film (l'origine reste cependant celle de la découverte du corps dans un ancien vaisseau).

Lorsque Gally découvre le club des guerriers-chasseurs c'est bien différent : dans le manga c'est Ido le docteur qui lui fait découvrir et demande de l'aide avant d'être ignoré. A ce moment Gally s'énerve contre eux. Alors que dans le film elle les provoque directement et Ido intervient après : pour le coup le manga est plus logique. Ensuite elle saute dans le trou pour suivre Makaku : si le manga met une raison sortie de nul part pour qu'elle le suive (un bébé dans un bar ?!) au moins il y a une justification (sauver le bébé), alors que dans le film elle veut juste en finir avec Makaku (bon cela dit y'a une prime sur sa tête).

Petit détail : la scène où Gally regarde les tubes montant vers le cité dans le ciel en demandant ce qu'est le bruit est dans les deux supports sauf que l'explication n'est pas la même : c'est du fret qui circule dans le film, et p117 c'est causé par le changement d'altitude de la cité.

Vous reconnaîtrez l'inspiration d'une des scènes les plus importantes du film
Vous reconnaîtrez l'inspiration d'une des scènes les plus importantes du film
Vous reconnaîtrez l'inspiration d'une des scènes les plus importantes du film
Vous reconnaîtrez l'inspiration d'une des scènes les plus importantes du film

Vous reconnaîtrez l'inspiration d'une des scènes les plus importantes du film

conclusion : le film n'a pas pris le support tel quel, c'est une vrai adaptation. Vis à vis de ce simple tome, il est difficile de me faire une opinion : je suppose que certains éléments arriverons plus tard alors qu'ils sont là d'emblée dans le film. Cela dit je trouve le film plus réussis visuellement et narrativement (à part l'amoureux cliché). Le manga fait bien vide, ne présentant sur ce tome aucune intrigue à part arrêter un criminel cyborg. La relation père-fille avec le docteur est aussi mieux rendue dans le film je trouve (à part la scène poignante dans le manga où il la sauve tout en étant gravement blessé - en fait la seule scène intéressante de tout le tome que je vous ai mis en partie à la fin de l'article). Je pense aussi que la naissance de la conscience de guerrière de Gally est plus intéressante avec ses bribes de souvenirs dans le film. A part cela il est à noter que le style particulièrement violent des combats donne un manga noir et trash (avec des têtes explosés par exemple), la violence étant finalement bien transcrite dans le film quoique quelque peu amenuisé.

vis à vis de ce premier tome : film 1 - manga 0. Je n'ai pas envie de continuer le manga (cette fin de tome 1 n'a d'ailleurs pas de cliffhanger ou une bribe de quelque chose donnant envie de lire la suite).

Je vous invite par contre fortement à écouter le podcast "c'est plus que de la SF" avec Lloyd Chéry qui nous livre un interview très intéressant du mangaka Yukito Kishiro.

[film et manga] Alita vs Gunnm
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