Le magicien et le golem, Philippe H. Besancenet
Light fantasy,
Littérature jeunesse (mais ça se lit à tout âge)
1er tome d'une trilogie (mais le livre possède une vrai fin, c'est limite un one-shot)
COUP DE COEUR
Arha est un jeune adolescent rêvant d'aventure. Depuis sa naissance, le Destin s'amuse à lui faire alterner chance et malchance. Alors lorsque le magicien du village, vieux fou excentrique, le choisit comme apprenti, il se dit que c'est peut être enfin l'occasion de vivre quelque chose de palpitant. Les mois de ménages, suivis d'une transformation punitive en grenouille l'on vite fait déchanter. Mais c'est sans compter les monstres qui rôdent et le Mal qui s'éveille...
"Le libre arbitre. Quand il s'agit de choisir entre être boulotté ou assassiné, cela me fait bien rire". Journal d'Arha.
Le magicien et le golem, c'est un récit mêlant aventure et humour, dans la digne ligne droite d'un certain Pratchett. Bensancenet en as le style, l'humour, et la maîtrise de l'histoire -sans donner dans la copie.
Il lui manque la satire sociale et des personnages plus atypiques, mais on gagne au change : une flopées de références frisant la parodie, et surtout, l'amour inconditionnel de la "fan-attitude" pour la Fantasy (et le cinéma) (si c'est pas clair c'est normal, je vais y revenir).
"(..) un tas de cendre laisse un part d'incertitude notable quand à feu son propriétaire"
L'atout majeur de ce livre, c'est qu'il se lit à deux niveaux, et peut grâce à cela combler les attentes des plus jeunes comme des moins jeunes.
Les jeunes ados y verrons une histoire à suspens et multiples rebondissements, un jeu de pistes parsemée d'aventures, de monstres qui font peur, de magiciens, de souterrains humides, de bibliothèque immense, d'objets parlants, de labyrinthe...
Les plus âgés seront sensibles à l'humour, au jeux de mots, et surtout, les connaisseurs en fantasy et cinéma reconnaitront de fines références et autant de parodies d'oeuvres connues.
Entre autre le disque-monde de Pratchett, inspiration affichée de l'auteur, une ou deux références glissées subrepticement de Star Trek, sans oublier Asimov, mais surtout beaucoup, beaucoup de jeux d'anagrammes et de sonorités dans les noms propres, de personnes et de titres de livres (il faut ouvrir l'oeil !) : aussi on croise Shrek, un livre ultime se nomme "Misarilion de L TT Loitenk" (attention, devinez... 3... 2... 1... top ! Le silmarilion de Tolkien), et lorsqu'ils rencontrent le metteur en scène Karl Penter (Carpenter je suppose), c'est le défilé de noms !
Mais je ne vais pas vous gâcher le plaisir en vous dévoilant tout les jeux de mots, toute façon il y en a trop et je n'ai pas tout vu !
On en vient à l'aspect fan-attitude. Besancenet et sans aucun doute un grand fan lui même, et il s'amuse avec la mise en abîme, nos héros collectionnant les "collectorror" et allant même à une convention !
"Certains s'étaient travestis en mages, et avec la réunion des magiciens dans la cité, la confusion était totale."
Ce passage particulièrement, mais tout le livre aussi, respire de cette émerveillement passionné pour toutes les créations fantastiques. Plus encore, il nous invite à nous mettre dans la peau du fan (ce n'est pas un problème je crois ?), et de l'aventurier en même temps. Et c'est carrément jouissif.
A part ça, quoi dire si ce n'est qu'il y a des petites touches de modernités qui créent un décalage comique (à la bibliothèque, le répondeur automatique... je suppose aussi le coup des casques mais là j'ai pas capté)
"Antusdor, la cité des elfes, rayonnait dans toute l'Alliance. Haut lieu culturel et intellectuel, on l'appellait ainsi en raison de son raffinement et de celui, supposé, des êtres de légende qui l'auraient bâtie, à en croire son office du tourisme"
J'ai adoré les brefs passages avec un dragon (me rappelant totalement les délires pratchettiens), un peu moins avec les deux gardes (du genre troufions incapables à qui il n'arrive que des misères).
Quant aux personnages, sans être extraordinaires, ils sont quand même bien "torchés" : Arha, c'est le quidam par excellence, une "bonne pâte" qui manque de confiance en lui, mais sait se montrer courageux s'il le faut (en croisant les doigts). Il n'a rien d'un égoïste présomptueux, ou trop-veinard-pour-être-honnête, et attire la sympathie, le lecteur pouvant aisément s'identifier à lui. Ses deux compagnons m'ont moins marqués, mais je ne les ai pas trouvés désagréable pour autant. Enfin j'ai bien aimé le maître magicien Merrelf avec son côté franc et carré, il n'a pas la langue dans sa poche (ainsi il explique à Arha qu'il est une sorte de sujet d'étude !) mais ça ne l'empêche pas d'être gentil aussi.
Les seuls reproches que je pourrais faire, c'est que je n'ai pas compris l'histoire originelle de la bénédiction-malédiction d'Arha, que le couverture choisie ne rend pas hommage à l'oeuvre (ou à prendre au 3ème degré) (ce pourquoi je ne l'ai pas mise au début pour éviter de vous faire peur), et peut être que l'ensemble est un peu 'jeune' et mériterait de prendre un peu de corps (enfin ça n'empêche pas que ça se déguste comme un excellent vin).
Mais si l'auteur continue dans sa lancée, je n'ai aucun doute, la prochaine cuvée sera un grand crû !
Bref, j'ai été totalement conquise par Le magicien et le golem, à la fois drôle, touchant et bien mené ! C'est à livre à conseiller vivement pour tout fan de Fantasy ou pour tout jeune ado rêveur d'aventures.
Philippe H. Besancenet est un auteur prometteur, un candidat à la succession de Sir Pratchett sur le trône de la Fantasy burlesque, et j'attends la suite avec grande impatience !
5/5
Vous pouvez lire les deux premiers chapitres, histoire d'avoir un idée de son style ici
Un grand merci aux editions Artalys pour cette géniale découverte.
Autres critiques :
On peut aussi trouver un interview de l'auteur sur le forum Rêve de Fantasy (il faut s'inscrire par contre) :
et bonne nouvelle, les deuxième et troisième tome sont déjà écrits !!