Star Trek selon JJ Abrams - ST 11 (première partie)
La première fois que j'ai vu le Star Trek d'Abrams (ST 11, ne dites pas le 1 svp), j'ai connu deux temps. D'abord j'en ai pris pleins les yeux. Tout allait super vite. Pas le temps de penser, juste mode "éponge", yeux grands ouverts. Mes pensées ont du se résumer à cela : Ouahhh c'est beau ! boumboum, c'est terrible ! oh celui là quel idiot, lol, ohhh... OMG pauvre Spock ! ihhh, lol, ahhh, waaaa, ohhh... Fin.
Et là, écran noir, mon cerveau s'est remis à fonctionner, j'ai cligné des yeux et j'ai fait : heuuu... heinn ?!! c'est quoi ce délire ?
*je vais un peu spoiler (mais rien de méga capital)*
Au traître, à l'assassin ! (ceci est de l'humour)
Voilà de l'esbroufe, de l'esbroufe vraiment magnifique. Un blockbuster typique dans ses éléments, hyperactif, aux rouages bien huilés, au visuel de folie. Je ne le nie pas du tout. Je surkiffe même le vaisseau de Nero (ci dessous) et je trouve malin la façon dont à été mise en place un univers alternatif, histoire de faire un reboot sans (trop) souffrir de la comparaison avec le reste de la saga. Mais...
Mais où est Star Trek là dedans ?!
Où est l'intelligence du propos, l'optimisme utopique altruiste, la volonté de tendre vers le meilleur, la quête de l'humain ? Où est "l'esprit" Star Trek, le fond si bien servis par 5 séries (et un peu moins dix films) avec une rigueur et une continuité exceptionnelle... Comprenez. Quand je regarde un Star Trek, je suis aussi dans le suspens et l'intrigue (comme toute bonne série moderne), y'a de l'action, mais c'est surtout un univers qui fait réfléchir, qui ramène à ce que nous sommes et ce que nous ferions / faisons. Que cela passe par les sens, l'émotion, ou avec un dialogue provoquant vos neurones, cela fait plus que me divertir, cela embraye mon cerveau sur des questions essentielles, ou au minimum, cela m'emmène dans une vie pacifique qui fait rêver. Star Trek montre ce que l'Homme pourrait être (s'il était moins bête), ce vers quoi il doit tendre. Et un homme en constante évolution, qui cherche toujours le plus juste et le meilleur.
Dans ce Star Trek de 2009, la mentalité se résume à de la bêtise. Sérieux. L'équipage est en mode "ados survoltés", les clichés sont donc ceux de l'adolescence : défier l'autorité, se castagner pour prouver sa valeur -ouah ça c'est mature- et collectionner les filles. Que Spock soit plus émotif qu'on le connait surprend mais passe encore, après tout il est jeune et il s'agit d'un reboot (enfin quand même quand ça dégouline un peu trop de guimauve avec lui, Spock, lorsqu'il demande à Kirk de donner un message à sa chérie, c'est vraiment pousser le bouchon trop loin. On parle de Spock bon sang !! Et puis le cliché des brimades enfantines, faudra qu'on m'explique ce que ça vient faire avec les vulcains). (edit : j'ai vu plus tard que c'était canon, cf 2ème épisode de la série animée TAS, bien que les insultes aient été modernisés)
Evidement l'ado rebelle c'est Kirk, et son personnage est en effet un rebelle et un égocentrique de nature, et oui une tête brûlée... Mais là où c'est vraiment difficile à avaler, c'est que le film lui donne raison. Le film donne raison à l'arogance, au mépris, à l'opportunisme... surtout vu le couronnement final du "roi" (tout juste sorti de Starfleet je rappelle et avec aucune autre expérience puisqu'il se terrait dans sa "campagne"), un couronnement donc... de la bêtise (sans parler que Kirk serait mort sans cesse, à cause de son inexpérience justement, s'il n'avait pas la fameuse veine du héros). Pire encore, sa dernière décision de commandement montre à elle seule combien le film renie toute l'humanité de la saga originelle. Une compassion pour le méchant qui tourne à la blague de mauvais goût, voire pire, puisque Kirk ne cherche pas à sauver l'équipage ennemi et décide même de "tirer sur l'ambulance"...
Il y a une autre scène aussi qui démontre clairement la volonté de privilégier l'action à la parole, et tant pis si cela oublie toute l'essence de la saga, et tant pis si cela réduit les personnages, et pire, Spock, le vulcain, celui qui est sensé maîtriser ses émotions... à des andouilles. Car Spock ne va pas seulement se contenter de mettre Kirk au arrêt après un désaccord (et une rébellion), mais va nier sa parole au point... de l'exclure du vaisseau pour l'envoyer sur une planète hostile !! Action, parmi d'autre, qui prends le contrepied total du canon (et qu'on ne peut justifier par la nouvel timeline) (Starfleet est régie par des codes, pas par des cowboys !).
D'ailleurs, autre point qui manifeste un respect assez limité vis à vis du reste de la saga, ce sont les références. En effet elles tiennent bien souvent du copié-collé (le film recycle parfois tellement que c'est à se demander si on ne peut pas parler de plagiat), ou sont placés bizarrement "pour faire style". La plus évidente, celle de la revisitation du test du Kobayashi Maru mis en scène dans Star Trek II : La colère de Khan, est pleine de lourdeur et montre aussi à quel point JJ Abrams passe à côté du sens des choses. Dans le Star Trek II, ce test est le symbole fort de la volonté de Kirk de défier la mort, de nier son existence, alors qu'ici... c'est juste un jeune homme prétentieux au possible.
Bref les références n'ont ici rien de la finesse et du respect, avec un brin de nostalgie émue, parfois avec critique, avec lequel chaque série Star Tek à fait honneur aux anciennes. Comme Scotty, se réfugiant dans l'holodeck sur la passerelle de la "vieille" enterprise, qui partage une bouteille avec Picard, dans l'épisode Reliques (6x04) de TNG. Dans le Star Trek d'Abrams, c'est plus l'esprit "ouai on est jeuns', on est les meilleurs, laissez nous la place papy !".
"Nous avons imaginé Star Trek comme la grande aventure de deux hommes très différents dont la destinée n'est pas seulement de devenir des amis, mais aussi des partenaires mythiques, des défenseurs du bien et des explorateurs", explique le producteur Bryan Burk (source allociné) : voilà qui est clair, l'univers du nouveau Star Trek perd l'un des plus fort atout de la saga, c'est-à-dire son absence de manichéisme ! Ce n'est plus des interactions entre des peuples différents, c'est l'ultra-classique "bien contre mal"...
Bref, donc moralité zéro, élan vers un homme meilleur zéro, tolérance et respects des autres espèces zéro. A l'inverse de l'original... Je pense que maintenant, amis n'ayant jamais vu le reste de la saga, ou que partiellement, vous pouvez comprendre que certains fans sautent au plafond et crient à la trahison. L'esprit trekkie d'un monde meilleur, l'humanisme porteur de rêves et d'espoirs qui nous fait aimer les "anciens" Star Trek... cette essence a disparu. Et sans l'essentiel que reste-t-il ?
*facepalm Kirk version 1.0 *
Bon d'accord. Ce n'est pas comme les autres Star Trek. Mais c'est bien, hein ?
Cela dépend comment on le voit. Cela se résume à cela je crois. Lorsque je l'ai vu une deuxième fois je savais que je ne retrouverais pas le fond que j'aimais tant, je savais à quoi m'attendre, alors j'ai cherché à le voir différemment.