Lecture SF : Les Chronolithes de Robert Charles Wilson

Publié le par Lael Marguerite

Lecture SF : Les Chronolithes de Robert Charles Wilson
Les Chronolithes, Robert Charles Wilson

 

Scott Warden était en Thailande, à Chumphon, quand le premier chronolithe est apparu : un obélisque immense qui a gelé la jungle sur laquelle il s'est abattu brusquement. Le monument commémore la victoire du seigneur de la guerre Kuin, qui n'aura lieu que dans 21 ans ! Qui est Kuin ? Un sauveur, un tyran, une rumeur qui grâce à la turbulence Tau deviendra réalité ?

De Wilson j'ai déjà lu A travers temps mais je n'en ai qu'un très vague souvenir, juste que c'était bien (et là je regrette de ne pas avoir fait de chronique pour ce livre). Je continue la découverte avec l'une de ses œuvres les plus connues : avec Spin, les Chronolithes sont régulièrement chroniqués par les confrères blogueurs/blogueuses et en prime présents à ma médiathèque.

Bon je ne vais pas y aller par quatre chemins : je n'ai pas été emballée. Déjà j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le récit à cause du vocabulaire particulier, par exemple l'auteur utilise beaucoup de noms de marques, et pourtant on est dans une anticipation qui n'a pas de techno-blabla futuristes. C'est la narration même qui, à mes yeux, s'est révélée brouillonne. Le récit nous est conté par le personnage principal, mais je me suis demandé souvent dans quel contexte il écrit, et à qui - il n'a pas un métier clair, en gros il veut être romancier ? Je ne saurais même pas dire !

Le deuxième truc qui m'a agacé, c'est le personnage lui-même. Un irresponsable, surtout envers sa fille, c'est dans un sens réaliste, voilà un personnage humain avec ses défauts, mais bon sang, j'ai eu envie de le baffer très fort. D'autant que si nous avons droit à ses sentiments sur le fait qu'il a perdu sa famille à cause de son comportement et qu'il a conscience d'avoir fait une sacré gaffe, je n'ai pas ressenti une vrai remise en question. Il est très égocentrique en fait. Et le côté psycho-drame, très fouillé, m'a gonflé. Je voulais lire un livre de SF, pas un essai psychologique sur un mauvais père.

Là-dessus, il faut être clair : on est dans un récit très intimiste, où les personnages priment largement sur l'intrigue. Cela aurait pu marcher, mais je n'ai pas accroché. Les ambiances narrées m'ont rappelé des vieux récits de SF américaine : ce même personnage de mec fauché un peu perdu, sur les routes d'Amérique. Bon. Pourtant le récit nous fait suivre plusieurs "arrivées" de chronolithes, un peu partout dans le monde, mais je n'ai pas vraiment eu le sentiment de voyager. Sans doute par ce côté focus sur les personnages, encore et encore, comme si la caméra de l'auteur ne sait faire que des plans serrés sur les visages de Scott et ses compagnons. Presque un truc western en fait : le vieux loup solitaire dans la plaine.

Le récit devient plus intéressant lorsque Scott se met à travailler pour Sue et qu'ils cherchent à percer le mystère des chronolithes, surtout dans la deuxième moitié du roman. Si l'auteur ne s'embarrasse pas vraiment d'un risque de paradoxe temporel et se contente de causalités avec le concept de "turbulence Tau", il devient plus pertinent sur les réactions psychologiques des gens face à ce probable dictateur du futur qui donne le compte à rebours de sa conquête du monde. C'est ce que j'ai préféré dans le récit, comment c'est avant tout une guerre psychologique qui nous ai conté, comment les gens cèdent à la peur. Le chronolithe lui même restera un objet relativement magique pour le lecteur - à moins que certains scientifiques dans la salle comprennent les petits bouts de techno-blabla que Wilson nous révèle. Cela dit c'était intéressant de voir comment sa structure même a eu son impact dans l'intrigue.

Je n'ai pas aimé la fin. Assez évidente, et noire pour les personnages.

En conclusion, j'ai eu du mal à accrocher et c'est la résolution de l'intrigue qui m'a poussé à ne pas lâcher. Les Chronolithes est un récit intimiste, assez sombre et déprimant, qui parles assez justement de la nature humaine.

3/5

Autre avis : chez albedo

Publié dans livres et films SFFF

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