[livre SFFF] Bruce Sterling présente, "Mozart en verres miroirs" - l'anthologie manifeste cyberpunk

Cyberpunk : vous avez sans doute déjà entendu ce terme, mais savez-vous réellement ce qu'il veut dire ? Ce livre est leur anthologie-manifeste sorti en 1986, et il est vraiment très éclairant sur le genre. Tout d'abord par sa longue introduction venant expliquer le mouvement underground issu de la pop culture.

"Le mouvement cyberpunk provient d'un univers où le dingue d'informatique et le rocker se rejoignent, d'un bouillon de culture où les tortillements des chaînes génétiques s'imbriquent." nous dit Sterling.

Puis douze nouvelles dressent un chouette panel du genre alors en pleine explosion. Je me suis rendu compte que j'avais une vision biaisée du genre. Finalement, le cyberpunk je l'ai beaucoup vu au cinéma en influence plus ou moins manifeste, mais jamais lu. Ou plutôt, jamais de textes 100% cyberpunk des années 80-90 : j'ai eu un aperçu dans certaines nouvelles ou romans contemporains qui vont aller chercher leurs influences dans le cyberpunk et ailleurs. Car maintenant le cyberpunk est devenu partie intégrante des questions de bases de la science-fiction. Un peu comme le geek est devenu peu ou prou le nouveau héros classique.

Matrix, le film qui a fait découvrir l'esthétique cyberpunk a toute une génération (moi compris, oui avant Blade Runner, que de toute façon je n'ai pas aimé -je vais encore me faire des copains).

En fait le cyberpunk va au-delà de la technologie, du rapport au corps et du côté paranoïaque vis-à-vis de la société de consommation (ce qu'on retrouve aussi dans la new wave des années 70, logique puisque le cyberpunk en découle). Donc, par exemple, j'ai été très étonnée d'avoir plusieurs nouvelles nettement fantastiques, ce que je n'aurais pas du tout, en premier abord, étiqueté cyberpunk.

Bref je recommande chaudement. Du coup j'ai acheté plusieurs livres de Gibson on va voir si j'accroche aussi. J'adore les ambiances psychédéliques qu'ils arrivent à créer (je les trouve juste un peu faibles sur le scénario). Dommage que beaucoup de nouvelles soient assez sombres (c'est pas trop ma came), mais certaines brillent de mille feux par leur originalité, leur humour sarcastique, et leur ambiance électrique.

Mention spéciale à la nouvelle qui conclut l'anthologie et lui donne son titre : "Mozart en verres miroirs" signé Bruce Sterling et Lewis Shiner. Ambiance survoltée mélangeant les époques, voyages temporels, autres mondes, et du rock'n'roll bien sûr.

Extrait :

« Moi Jebe Noyon, j'étais général en chef de Gnegis Khan, terreur de l'univers, okay, mec ? (...) Tu n'as pas entendu parler de moi ?

— Non, Jebe, désolé.

— La Terre devenait noire sous les sabots de mon cheval.

— J'en suis sûr.

— (...) Tu verras, la terre deviendra noire sous les roues de ma Harley, okay, mec ? »

Un must-have pour découvrir le cyberpunk  4/5