[livres SFFF] Mes quelques lectures du confinement : ... de l'uchronie mythologique (partie 2 sur 3)
Après vous avoir présenté L'apprentissage du guerrier, et Pardon vous n'auriez pas vu ma planète ? on continue dans des lectures parfois surprenantes, mais pas forcément en bien.
Lasser un privé sur le nil
Autres critiques :
A venir : la dernière partie de mes lectures avec de la prospective* !
* =Ensemble de recherches concernant l'évolution future des sociétés et permettant de dégager des éléments de prévision.
2012- Uchronie / fantasy mythologique/ polar
1935. Lasser est un détective privé qui aime se la couler douce et siroter son whisky : sa vie se complique brusquement lorsque les dieux font appel à lui pour résoudre des enquêtes !
Sans tourner autour du pot, je n'ai pas accroché à ce roman, et j'ai même eu du mal à le finir. Pourtant il aurait du me convenir : l’Égypte des dieux encore présent au 20ème siècle, l'uchronie, l'enquête... dans le même genre j'ai adoré Entrechats et les aventures d'Amélia Peabody d'Elisabeth Peters (si vous ne connaissez pas jetez un œil au wiki -voilà qui me donne envie de les relire 15 ans après).
Le bon point du bouquin, c'est la bonne connaissance de l'Egypte ancienne de ses auteurs. C'était plaisant d'avoir des réutilisation de mythes et de personnages historiques, comme Piankhy, qui sont autant de clins d’œils appréciables pour les amateurs de mythologie. D'ailleurs, à part Isis, les dieux et déesses mentionnés ne sont pas forcément les plus connus, ce qui change un peu de "l'orientation VIP" classique. Mais si le Sphinx est le personnage le plus sympathique du bouquin, je regrette amèrement son utilisation pour des énigmes, ajoutant encore à l'habituelle confusion avec la sphinge grecque.
En point noir j'ai eu du mal à cerner l'univers qui est très foutraque. Mélanger l'Égypte ancienne et actuelle, avec des mythes en visite venant de tous les pays, je dis oui, mais comme ça, bof. Il n'est pas clarifié comment l'Égypte et le monde en général a évolué dans cette uchronie mythologique (il est peut être fait très vaguement état d'une guerre mais je ne me souviens plus) : conjugué avec le manque de description, je ne sais pas si je dois visualiser des Egyptiens à l'ancienne (habits, technologie...) ou moderne, ou un mélange... ? le souk par exemple est typiquement arabe, et décrit comme tel. à un moment il est décrit des paysans récoltant le blé : est-ce qu'ils le font à l'ancienne ? possèdent ils des technologies modernes outre les automobiles dans cet univers ? Aucune idée. C'est le foutoir, ou plutôt le souk. Bref ça manque de cohérence interne, et ça devient très flagrant lorsque le récit tente de nous faire croire que la situation n'a pas évoluée en plus de cinq milles ans d'histoire (par exemple les Nubiens qui en veulent encore aux Egyptiens d'avoir été envahis des millénaires auparavant. Imaginez, c'est comme si nous, descendant des gaulois, nous en voulions encore aux Romains de nous avoir conquis !)
On en vient à l'aspect supposément humoristique et parodique du roman noir. Il semblerait que je fasse partie de la team premier degré : je n'ai pas vu dans les répétitions du comique mais de l'agacement profond. Les enquêtes se suivent et se ressemblent sans aucune audace scénaristique, quand les auteurs ne cèdent pas à tout un tas de facilités en maquillant cela comme de l'humour. Les scènes avec Seth sont d'une caricature si exagéré que cela m'a agacé, et surtout la scène du bar répété en chaque début de chapitre sans un minima de différence (angle de vue, vocabulaire...) ça m'a fâché. D'ailleurs je ne visualise pas les pachas moi, et je n'ai que ce mot pour les imaginer ! Tout comme l'"ogre" qui débarque d'un coup (!) et n'est jamais décrit, j'ai vraiment eu du mal avec les descriptions qui manquent, m'empêchant de visualiser (d'ailleurs la plupart des dieux sont peu ou pas décrits, débrouillez vous !). Et quand, à l'inverse, les descriptions s'étalent c'est pour se répéter sur l'inventaire (dénué de ressenti ou de détails particuliers) des bijoux des déesses, ou des modèles de voitures pour les dieux (et vu que je n'y connait rien en automobiles donner la marque ou les références ne m'éclaire en rien). Bref je n'ai pas du tout été convaincue par le style du récit. J'ai complètement décroché avec le chat qui enfile une paire de bottes, c'était fichtrement maladroit. Enfin les jeux de mots foireux, notamment avec Sarq'osis, m'ont achevés.
J'ai aussi été agacée par les descriptions et rôles féminins : toujours magnifiques, sensuelles, parfaite... L'assistante n'est là que pour se plier à tous les caprices d'un détective ronchon (vous comprendrez il faut l'excuser c'est un homme... ) et sexiste dans le fond (il fantasme sur les vestales de Bastet, les filles il aime "passer de l'une à l'autre")... Bref on est dans un récit machiste, qui certes colle avec la parodie du héros de roman noir, mais moi je suis dans la team premier degré et ça m'a juste gavé.
Bref je n'ai pas trouvé ce livre drôle mais juste agaçant et lourd. Les personnages m'ont horripilés. Ce voyage en Egypte ne m'a guère convaincu. Je n'ai retenu que deux choses : la jolie idée du parfum divin (même si je la trouve mal exploité) et la description réaliste du nez bizarre de Seth. 2/5