Evangelion 2.0 You can (not) advance
Film d'animation japonais, post apo, 2009
La lutte des pilotes des Eva, sorte d'immense mécha semi-vivants, n'est pas prête de finir, et leurs souffrances encore moins...
2ème volet sur quatre de ce "rebuild" d'une saga mythique, j'avais été fasciné par le premier opus alors j'ai remis ça. Je suis conquise une nouvelle fois (bien qu'un tout petit peu moins).
Ce deuxième film continue de re-raconter l'histoire de la série originale, mais (de ce que j'en ai lu, je n'ai jamais vu l'anime) il commence sérieusement à prendre des libertés en remaniant le scénario, notamment avec l'ajout d'un nouveau personnage, Mari.
C'est à la fois un atout et un mauvais point : si la nouvelle pilote nous donne des scènes d'actions particulièrement prenante et dérangeante à la fois, car la douleur ne lui fait pas peur, on se demande souvent ce qu'elle fait là et qui elle est vraiment - il y a plus qu'à espérer que son rôle soit plus développée dans les prochains films. Eh puis bon, j'avoue l'avoir confondue avec Asuka par moment et je me perdais un peu dans tout les persos (mais ça c'est moi aussi).
Ce qui est appréciable aussi dans ce "rebuild", c'est l'implication des autres branches de la NERV, l'histoire prend en compte les autres pays et ne se limite pas au Japon (comme aurait tendance à l'avoir fait l'anime) (même si tout se déroule quand même à la nouvelle Tokyo -enfin à part une nouvelle scène avec l'Eva 05).
Bref, le deuxième film suit la voie ouverte par le premier. Une action dynamique, des Anges (c'est les ennemis) psychédéliques (même si mon préféré reste le 'diamant' du premier), des combats apocalyptiques, mais pas que. Beaucoup de 'tranches de vie' et réflexions psychologiques, entre les personnages ado qui cherchent à trouver leurs place dans le monde (même le 'cliché' du rapport au père trouve ici une profondeur poignante), et des adultes qui pour la plupart magouillent dans l'ombre à la recherche d'une définition du divin et de la vie. Le tout servi par un visuel à couper le souffle (en film d'animation je ne connais pas mieux, je me suis même dit que ça rendait bien mieux qu'en 'vrai') et un travail sur la bande-son terrifiant. Difficile de ne pas être mal à l'aise par la musique joyeuse et enfantine qui couvre l'un des pires carnages du film...
Venons-en à ce qui m'a un peu dérangé dans ce deuxième opus. Il faut le dire, la deuxième partie du film est beaucoup plus violente, voire un peu gore, et mêlé à la violence psychologique sous jacente qui jaillit parfois cela devient un peu pénible à la longue. C'est au minimum stressant, et dans la scène avec la musique enfantine en question, tout se condense : tout comme le jeune héros qui se retrouve incapable de contrôler son Eva, nous aussi nous nous sentons impuissant face à cette scène bestiale, à ce déchaînement inhumain, le tout doublé d'une trahison paternelle - cela devient infernal pour nous aussi. Une fois cette scène passée, on ne pourra guère souffler, et cela s'enchaîne, alternant avec de plus en plus de dialogues obscurs semi-métaphysique sur l'essence des Eva. Rien n'est simple dans Evangelion, entre ce que l'on croit voir (la lutte contre des entités) et ce qui est (*top secret*)... Tout est jeux de faux semblants, au point que cela en devient fatiguant : j'ai presque rien compris à la fin du film, qui se termine sur une sorte de cliffhanger (mais en finissant le combat en cours quand même) (Ce site m'a éclairé mais attention, cela donne vraiment tout les détails et spoil donc l'anime, et un peu les films suivants qui partiront toujours du même univers même s'ils dévient un peu)
Bref, la deuxième partie était donc un peu trop éprouvante nerveusement et trop compliquée dans le sous-entendu complotiste (dire que ce "rebuild" est censé "simplifier" !!).
Pour finir j'ai apprécié ces scènes simples mais touchantes de ce monde où l'océan ne contient plus aucune vie et où le travail de la terre, avec ses mains, garde un sens profond. J'ai aimé le développement de la relation avec les Eva et du lien animal qui les unis au pilote (ces effets de lumières dans les yeux quand le pilote est en berserk, on sent la symbiose). De manière générale je vois en l'Eva un symbole de la relation de l'homme face à sa bête intérieure, une bête que l'on peut dominer mais dont on ne peut utiliser sa pleine force qu'en symbiose et non en domination. Côté personnage c'est principalement Reï que j'ai trouvé intéressante, elle est glaçante mais on ressent pleinement sa détresse intérieure, sa solitude, sa difficulté à vivre. Ce deuxième film la met en valeur tout comme le premier se focalisait sur le héros.
En conclusion ce "rebuild" est une bonne façon je trouve de connaître Evangelion (il en tire sans doute toute sa force). (Évidemment si vous souhaitez voir aussi l'anime il faut commencer par celui là !)
Visuellement époustouflant, fascinant et éprouvant psychologiquement, il ne pourra pas vous laisser de marbre. Dommage que sa mythologie soit un peu complexe à suivre.
4/5
ps : Et pour ce deuxième film je re-dis attention c'est plus violent que le premier (qui était déjà sanglant). N'allez pas traumatiser vos enfants hein, un film d'animation japonais n'est pas forcément pour eux, ce n'est pas du tout comme Dreamworks et autre Pixar où "animation" rime avec "familial" ! Faut se méfier :)